Oh que si, on a des idées :
La Guyane, et particulièrement les Battures du Connétable. C'est un vaste plateau rocheux de 7 à 23 m de profondeur où la densité de gros poissons est hallucinante
. On peut y toucher chaque jour :
- des tarpons de 50 à plus de 100 kg, moyenne 70-80 kg. Quand ils sont là, c'est vraiment fête.
Avec quelques anecdotes. Mon ami Eric pêche avec 2 bas de ligne pour explorer plusieurs niveaux d'eau, et faire un effet de « banc » de poissons. Grosse bagarre avec un poisson qui saute à quelques mètres du bateau : c'est un 100 kg pendu à l'hameçon du haut. Après ½ de combat, le poisson donne des signes de faiblesse... Quand la bagarre reprend de plus belle. Eric est à la peine, mais finit par mettre au bateau un poisson de 2m26 à l'échancrure (environ 100 kg), pris par l'hameçon du bas : le bas de ligne du haut est cassé. Vous en connaissez d'autres des spots où on peut être pendu sur 2 tarpons de 100 kg ?
Une autre année : les tarpons sont là, et mon ami Toto s'est mis en tête d'en prendre un au poisson mort-manié façon Drachkovitch. A chaque descente de la monture, il murmure : j'ai peur... Et invariablement c'est le même scénario. Touche, rush, saut, décroche ! Il lui aura fallu toucher une dizaine de poissons pour en mettre un au bateau.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un grand tarpon au bateau
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Viens petit
Quelques photos pour compléter mon message parti trop vite :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo du fauve dans l'eau pour préserver ses chances de survie
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Carangue déchiquetée en quelques secondes par un fauve
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Moi, je les aime les requins...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La manta se rend après un dur combat. Ce sera la seule photo de cette prise hors du commun
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Cobia de 20 kg monté au bateau en moins d'une minute après s'être pendu sur nos deux 80 lb !
- des mérous géants de 80-100 kg de moyenne, à 200 kg et plus
C'était il y a plus de 10 ans, un de mes premiers voyages en Guyane. Je pêche avec succès le tarpon au vitala thonidés aux iles du Salut sur le bateau d'Yves Harlepp. A l'époque, on pêchait en 40 lb et j'étais équipé d'une Zenaq Defi grise 100 HH. Touche monstrueuse à quelques mètres du bateau, ferrage appuyé mais rien ne bouge au bout pendant 5 minutes. Chambrage en règle sur le bateau où tous croient que j'ai piqué « la Guyane ». Changement de musique quand la Guyane commence à se déplacer, et que mon premier mérou de plus de 100 kg (1m80) monte au bateau, le vitala piqué « sur le nez »
Avec Seb, nous pêchons côte à côte à soutenir en 80-100 lb avec pour appâts des thazards entiers (3 kg chacun). Grosse touche simultanée sur les 2 cannes, et très gros combats en parallèle. Après quelques minutes, plus de doute, nous tenons le même mérou. Seb assure le plus gros de la bagarre mais finit par casser après ¼ d'heure. Je continue seul, mais mon hameçon finit par lâcher après une demi-heure. Celui là qu'on n'a pas réussi de remonter d'un seul centimètre, on aurait bien aimé le voir : sûrement bien au delà des 200 kg !
Avec Alban, je lui prépare comme appât un thazard monté avec un hameçon simple en tête et un triple en queue sur bas de ligne acier. Mise à l'eau immédiatement suivi d'une touche, saut du tarpon d'une centaine de kilos au ras du bateau... mais le bas de montage lâche (je ne suis pas fier...sleevage mal fait?). On est bien dans la rubrique mérou, car nous récupérerons la monture le soir même... dans la gueule d'un mérou d'une centaine de kilos, qui avait en plus 2 « crochets » inox à marlin dans la gueule. Retour à l'eau après une petite opération, et marquage comme d'habitude pour assurer le suivi de la population , il aurait pu nous dire merci plutôt que de nous éclabousser lors de la relâche !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Trop gros pour être monté dans le bateau
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]C'est ce qu'on appelle avoir une grande gueule !
- des carpes rouges de 30 à plus de 50 kg : de véritables fauves dont la pêche est particulièrement difficile. Tout commence par une longue inspection du vif ou de l'appât que l'on sent nettement dans la canne. Si l'appât lui plait, l'attaque est d'une brutalité inouie, direction la caverne la plus proche : aucune chance de prise si l'on n'est pas à proximité ou qu'on n'a pas la canne en main. Il faut être un solide gaillard pour rendre le moins de fil possible frein à bloc en 130 lb ! Le combat est bref, mais le fauve se bat à mort et la remise à l'eau est incertaine. Pour garantir une chance de survie, il ne faut pas la monter dans le bateau, photos souvenir dans l'eau . C'est ce que j'ai fait, mais je crois que j'hésiterai maintenant que les PNI commencent à révéler leur secret...
Nous participons au Jacky Vaudé contest fishing, c'était il y a quelques années . Nous nous sommes entraînés toute la semaine, mais sommes un peu émoussés par les soirées festives. Très confiants car nous avons trouvé un nid à tarpons les jours précédents, nous déchantons rapidement car ils ne sont plus là. Le concours est doté d'un prix exceptionnel (100 000 euros) pour la prise d'un record du monde en tarpon ou carpe rouge. Banco, Miko met en vif une carangue de 4 à 5 kg sur un énorme circle à l'aplomb du bateau. Après quelques minutes, la carangue s'agite frénétiquement et c'est l'attaque monstrueuse, mais le fauve ne se pique pas. Miko remonte la carangue, ou plutôt ce qu'il en reste : les marques ne trompent pas, avec des profondes traces de dents écartées de 6 cm. Le soir, nous déterrerons une mâchoire de carpe rouge de 43 kg prise quelques mois auparavant : 4,5 cm d'écartement entre les dents ! Nul doute que c'était bien un record du monde, mais c'est sans succés que nous avons insisté .
- Les requins, ces mal aimés... Le spot abrite à certains moments une forte population de requins bordés, surtout quand les crevettiers du large font relâche. Et quand ils sont là, c'est le festin avec des poissons qui atteignent et dépassent les 100 kg. Ce sont de formidables combattants, mais on finit par capituler après plusieurs prises.
Je combat un petit d'une trentaine de kilos qui donne tout ce qu'il a, puis revient comme une flèche se réfugier sous le bateau... Nous comprendrons vite la situation en voyant un grand marteau tourner autour du bateau ! Pas sûr que que la remise à l'eau lui ait été salutaire...
Les PNI : Rares sont les journées sans PNI (Poisson Non Identifié). Le scénario est toujours le même : touche violente suivie d'un rush rapide qui vide le moulinet. Même pas le temps de larguer l'ancrage, et une seule solution pour éviter de ne pas perdre 300 m de tresser : blocage de la bobine canne à l'horizontale jusqu'à la casse... Avec l'amélioration de la qualité et de la puissance du matériel, les PNI commencent à révéler leur secret comme l'a montré Tiri : de grands requins tigres et marteaux hantent les lieux. Nul doute qu'il y a des poissons trophée à prendre ici en s'y consacrant spécifiquement
Les mantas, autres monstres des lieux : on les voit régulièrement passer dans leurs ballets nautiques. Et gare aux ligne qu'elles accrochent au passage ! Le démarrage est caractéristique avec le moulinet qui se vide et le scion qui salue frénétiquement. Parfois, c'est dans l'ancrage du bateau : c'est parti pour une petite ballade, mais c'est une autre histoire pour se dégager. Lors d'un Jacky Vaudé contest, nous avons vu le bateau le plus près de nous connaître 2 fois la même aventure.
Toto enregistre une touche lente mais puissante, le poisson prend le large comme si de rien n'était. Nous croyons immédiatement à un monstrueux Mérou. L'ancrage est largué, le poisson tient le fond et continue son chemin. Nous nous interrogeons quand il sort du plateau rocheux. Toto faiblit, nous l'équipons d'un harnais et le combat se poursuit assis, les pieds bien calés sur le moteur. Ce n'est qu'après 1 heure que nous découvrons l'adversaire : une manta qui paraît prise par la gueule et que nous estimons à 500 kg. Le leader à peine en main finit par lâcher, complètement rapé : chapeau Toto, mais tu n'auras même pas droit à la photo souvenir..
Et je passerai sur les prises accessoires : acoupas, thazard (qui riment ici avec appâts ou carpaccio, et peuvent quand même dépasser 30 kg), carangues hippo, permits (oui, il y en a), cobias etc...
Notre plus beau cobia (20 kg) est monté à bord en moins d'une minute : il avait avalé les appâts de 2 80 lb en pêche.
Alors pourquoi la Guyane n'est-elle pas plus prisée des pêcheurs sportifs ? D'abord, il n'y a pas d'organisation de pêche pour aller aux Battures : ils faut compter sur les copains, mais on devient vite copain sur place entre pêcheurs. Et la mer est dure, il ne fait pas bon être aux Battures quand la houle se lève et que les vagues commencent à déferler dans tous les sens. Rédhibitoire pour certains, les eaux sont souvent chargées, et les leurres ne sont guère efficaces : même par eau claire, les poppers n'intéressent pas grand monde. C'est mieux au jig, mais pas vraiment adapté par 20 m de fond maxi. Restent les poissons nageurs qui intéressent surtout les thazards et carangues, parfois seulement un tarpon. Seul le leurre souple permet de tirer son épingle du jeu, surtout le vitala thonidés, mais beaucoup plus régulièrement aux îles du Salut qu'aux Battures. Reste le poisson mort manié dont l'efficacité est universelle, mais que de décrochés !
La pêche reine ici reste la pêche à l'appât. J'avoue y trouver un immense plaisir à sentir, canne en main, une grande carpe rouge inspecter l'appat, ou les coups de boutoir d'un mérou ou d'un tarpon...
Certains ont peut-être vu le film de Bertrand Lenclos sur la Guyane qui passe encore de temps en temps sur Seasons : ce film tourné aux îles n'est qu'un teaser par rapport aux Battures ! Et je suis certain que les familier des lieux (Johann, Tiri...) ne me contrediront pas.