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video peche tucunaré
jb83- Messages : 6073
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jb83- Messages : 6073
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Re: video peche tucunaré
jb83- Messages : 6073
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Re: video peche tucunaré
PEACOCK-BASS, TUCUNARE (*), PAVON
(Cichla s.pp) de la famille des cichlidés.
PEACOCK-BASS, TUCUNARE (*), PAVON
(Cichla s.pp) de la famille des cichlidés.
grand tucunaré paca (cichla temensis) du Rio Negro (Brésil)
Le peacock-bass, appelé aussi pavon par les Sud-américains hispanophones, tucunaré* au Brésil et dorade en Guyane française, est représenté par une quinzaine de variétés répertoriées à ce jour ( cf. études des ichtyologues Efrem Ferreira et Sven Kullander) , sur lesquelles nous ne nous étendrons pas. En effet, la chose est tellement complexe que même les plus éminents spécialistes y perdent leur latin. Les différences entre espèces et sous-espèces n'étant pas forcément visibles et n'existant que dans le code génétique. En réalité, il n' y aurait que cinq espèces de peacocks. Les autres ne seraient que la résultante d'adaptations chromatiques au milieu ambiant, ou encore peut-être tout simplement des variétés ou encore des hybrides. Les plus connus, répandus et recherchés sont le tucunaré açu ( littéralement en langue amérindienne tupi : grand tucunaré) des brésiliens, de son nom scientifique: cichla temensis, ou speckled pavon aux zébrures plus ou moins marquées: aussi la plus grosse espèce pouvant probablement atteindre quinze kilogrammes; le tucunaré paca, à la livrée plus sombre, tacheté longitudinalement de blanc , qui ne serait selon les spécialistes qu'une variation locale de cichla temensis, pouvant lui aussi atteindre une taille élevée, et qui reste et de très loin le plus féroce combattant de tous les peacocks. On remarquera également la propension du paca pour les zones de courant parfois dignes de salmonidés. Fait étrange: renseignement pris auprès de plusieurs guides de grande expérience, aucun paca ne présente la gibbosité ou bosse caractéristique du peacock-bass mâle. les pacas seraient-ils donc tous des femelles?
Il est à noter que ce phénomène de "mélanisation" ou plus prosaïquement, d'obscurcissement de la livrée, se retrouve également chez d'autres espèces que cichla temensis, mais aussi chez cichla thyronnus, cichla vazzoreli cichla pinima, ainsi que chez les deux espèces principales du rio Xingu, Cichla mirianae et cichla melaniae. S'agit-il tout simplement d'une forme de mimétisme? Seules des observations en milieu fermé seraient sans doute à même ne nous apporter un semblant de réponse scientifique
grand cichla vazzoreli du rio Nhamunda ( Brésil)
cichla vazzoreli, thyronus, souvent confondus avec cichla temensis, mais dont les rayures sombres sont d'avantage des taches longitudinales que des zébrures.(1), et qui peut atteindre également une taille très élevée. Il existe aussi une version " paca" de tous ces cichlidés: présents essentiellement dans dans les bassins des rios Trombetas, Nhamunda, Uatuma, Ensuite, nous trouvons Cichla pinima très semblable en apparence, bien répandu dans le bassin du rio Tapajos et quelques rivières de l'état d'Amapa ftrontalier avec la Guyane Française et qui peut atteindre 7 kilos environ. le tucunaré amarelo ou cichla monoculus , également nommé " tucunaré pitanga" ( du nom d'un petit fruit jaune d'Amazonie) ou encore " popoca",dont les plus gros spécimens ne dépassent pas en théorie, les six kilogrammes, le plus répandu dans tout le bassin amazonien; le cichla ocellaris tacheté d'ocelles comme son nom scientifique l'indique, atteignant sensiblement le même poids, espèce très présente au Surinam, au Guyana et dans le bassin du Maroni en Guyane française; le superbe tucunaré borboleta ou peacock butterfly( cichla orinocensis) spécifique au bassin de l'Orénoque et au haut Rio Negro, cours d'eau qui-on le sait, communiquent par l'intermédiaire d'un canal naturel nommé Casiquiare. Nous n'oublierons pas le cichla piquiti le superbe peacock bleu, ou "tucunaré azul" aux rayures noir bleuté, peuplant l'extrême sud de l'Amazonie, notamment le bassin de l'Araguaia-Tocantins ( piquiti = rayures en langue tupi-guarani).
Grand cichla Thyronnus du rio Trombetas ( Brésil) (photo Matthieu Carni)
Et enfin pour clôre cet inventaire non-exhaustif: cichla mirianae spécifique du haut rio Xingu, cichla melaniae que l'on trouve principalement sur le cours inférieur de cette même rivière. On citera également cichla kleberti très semblable en apparence à cichla monoculus au point de lui être souvent confondu et très répandu dans le bassin de l'Araguia Tocantins qu'il partage avec cichla piquiti.
Le superbe tucunaré borboleta ou butterfly peacock ( cichla orinocensis) (Photo Marcel Tijus)
On rencontre le peacock-bass dans les secteurs peu profonds et très encombrés de bois morts, de rochers et surtout partout où les cours d?eau s?élargissent et forment des sortes de lacs, ainsi que dans les culs de sac. En fin de saison des pluies, on le trouve carrément dans la forêt inondée par les crues. Sa pêche au popper ou au streamer avec des lignes à la densité adaptée en fonction de la température de l?eau est tout simplement passionnante. De par un comportement assez semblable à celui des centrarchidés, le peacock-bass se laissera séduire par les techniques utilisées par les moucheurs pour le black-bass à grande bouche, à condition toutefois que ceux-ci veillent à "vitaminer" quelque peu la puissance de leur matériel... En effet le tucunaré est le diable en personne au bout de la ligne et il saura exploiter toutes les opportunités aussi infimes soient-elles pour vous fausser compagnie et vous faire une brillante démonstration des limites de votre matériel.
cichla temensis trophée ( Photo Marcel Tijus)
Le peacock-bass est connu et réputé pour ses attaques spectaculaires des leurres de surface. Il s'agit parfois de véritables explosions qui font grimper le taux d'adrénaline à son paroxysme. En effet rien n'est plus beau et excitant que d'assister à cette phénoménale agression sur un popper qu'on a judicieusement placé et animé sur un poste prometteur. Quant à la défense qui s'en suit, elle est d'autant plus âpre que l'attaque a été violente.
Peacock-bass jaune ( tucunaré amarelo) ou cichla monoculus
Mais ce type d'attaque est loin de constituer une généralité: lorsqu'on pêche au streamer par exemple. En effet, nous avons pu observer à maintes reprises, sur des pêches à vue à la faveur de l'eau claire, que l'engamage de la mouche n'était parfois qu'un simple acte de prédation, sans agressivité aucune, que l'on pourrait tout à fait comparer à une prise de nymphe par une truite. Un streamer est rarement considéré comme un intrus menaçant l'intégrité territoriale du peacock, mais comme une proie potentielle en difficulté égarée hors de son cadre de référence. Alors qu'un popper, avec sa nage bruyante et saccadée, son volume, son aspect souvent hétéroclite, représente une véritable agression territoriale qu'il faut immédiatement éliminer, ou du moins chasser hors d'une zone où il ne devrait pas se trouver.
Le matériel:
Canne de 8 à 10, selon la taille moyenne des poissons du coin. Mais préférez tout de même une solide n° 10. On ne sait jamais: même si le cichla temensis ou tucunaré açu est absent du secteur. Sachez qu'un peacock n'excédant pas les 3 à 4 kilos est à même de vous " exploser" un bas de ligne de 20 Lbs sans difficulté, voire même une canne sur un démarrage. Or si vous ne disposez que de la puissance d'une canne de 8 à opposer à de tels bestiaux, vous risquez fort de subir quelques problèmes. Un conseil: à moins que vous ne soyez atteint de "recordite" auquel cas vous serez tenu de vous conformer aux règles sacro-saintes de l'IGFA, n'hésitez pas à pêcher très " costaud" ou alors recherchez les poissons qui croisent en eau libre comme par exemple ces grands spécimens qui escortent parfois leur progéniture loin de toute végétation et autres traquenards végétaux ou minéraux. Ces poissons sont généralement d'une agressivité inimaginable et attaquent violemment toute manifestation d'apparence hostile apparaissant à proximité de leur descendance**. Quant à pêcher avec un bas de ligne IGFA à proximité des structures végétales, je ne saurais que vous le déconseiller, à moins que vous n'ayez une boite à mouche bien remplie... En effet, un bas de ligne d'une résistance de 20 livres dans des endroits encombrés est une plaisanterie qui ne vous apportera que des déconvenues. Quant à nous, nous n'hésitons pas à utiliser un solide 35 à 40 livres , et parfois ce n'est pas suffisant... Un certain nombre d'expériences sur les géants du rio Negro, ne peuvent qu'étayer nos précautions. autre conseil: évitez les bas de ligne tout fluorocarbone. Malgré d'évidentes qualités que sont une bonne résistance à l'abrasion, une quasi-invisibilité sous l'eau une absence de flottabilité et une raideur favorisant l'immersion et l'étalement du bas de ligne lorsqu'on utilise de grosse mouches, ce matériau révolutionnaire présente tout de même un énorme inconvénient: son manque d'élasticité qui ajouté à celui de la soie (qui n'est en fait que de la tresse recouverte de PVC), ne peut en aucun cas amortir les démarrages canons des gros peacocks, à plus forte raison lorsque l'attaque a lieu très près de l'embarcation et que vous récupérerez votre mouche en ligne, canne basse sans aucune possibilité d'utiliser la flexibilité du blank pour répondre à la terrible onde de choc des attaques aussi subites que violentes de ces poissons. Il a en effet été établi que l'énergie cinétique développée par un peacock au démarrage est supérieure à trois fois son poids corporel, et cela sur une distance d'à peine un mètre... Peut-être ceci est-il à même d'expliquer la raison de ma soie flambant neuve... brisée alors que j'utilisais un bas de ligne tout fluoro de 40 lbs... Il est vrai que la résistance d'une soie tropicale n'est que de 35 lbs...(1)
Aussi, après de nombreux déboires, voici la solution que nous employons désormais: nous utilisons du bon vieux nylon, bien élastique pour confectionner le corps du bas de ligne. Quant au fluorocarbone: seulement en pointe ou " shock-tippet" si vous préférez pour sa résistance à l'abrasion.
cichla ocellaris avec mouche dans la gueule ( photo Martine Courtois)
La soie sera adaptée à la canne, flottante pour le streamer et le popper, et les eaux normales ( ni trop basses, ni trop hautes), intermédiaire pour la mouche-leurre seule, et flottante avec pointe plongeante à haute densité( 200/ 300 grains) pour les eaux un peu hautes du début de saison, ou les eaux très chaudes et très basses, lorsque le poisson se réfugie en profondeur afin de rechercher la fraicheur.
la technique:
Il s'agit d'une prospection systématique de tous les postes possibles de bordure, en vous focalisant sur les bois morts, la végétation immergée et les rochers. Privilégiez toujours la partie la plus calme du cours d'eau, avec une profondeur de 2 à 3 mètres en moyenne. Insistez particulièrement sur les confluents avec les petits tributaires, mais aussi les entrées de culs de sac, et de petits lacs sont des endroits sur lesquels il convient de se focaliser car ce sont souvent les postes de prédilection de gros sujets. On pense à tort que l'attaque du peacock aura lieu tout de suite ou jamais, tant ce poisson a une réputation d' extrême agressivité. Mais pour avoir observé à de nombreuses reprises son comportement face à nos mouches, nous pouvons affirmer qu'il n'en est rien. En effet, c'est souvent à la troisième, quatrième, voire même cinquième présentation de la mouche que notre peacock se décidera après avoir feint ou manifesté une indifférence absolue. Aussi ne pêchez pas trop hâtivement un poste qui vous inspire. Votre persévérance se verra souvent récompensée. Autre tactique qui donne également de bons résultats. Mettez à profit vos faux lancers: laissez votre mouche toucher, voire même frapper l'eau à plusieurs reprises dans les parages immédiats du poste visé, lors des lancers avant. Cela aura pour effet d'éveiller l'attention du peacock qui reste un poisson extrêmement curieux, et peu timoré par tout ce qui ne relève pas de la gesticulation humaine directe ( bien que depuis quelque temps, il semble réagir à notre présence de plus en plus fréquente...). Lorsque votre streamer aura touché l'eau trois ou quatre fois, posez le, laissez le couler légèrement et commencez seulement à le récupérer. Le peacock, attiré par ce bruit sortira de sa cache, et viendra voir ce qui se passe. Nous avons également observé les riverains des cours d'eau amazoniens, en train de brasser l'eau de la pointe de leur canne ou carément avec la main, imitant de la sorte un bruit de chasse. Ensuite, il leur suffit de lancer leur leurre ou appât le plus loin possible, et de l'animer en dents de scie. Les résultats sont d'autant plus surprenant que le matériel est rudimentaire. Et pour conclure, citons l'exemple de ce guide à qui nous avions appris à utiliser un fouet dont nous lui avions fait présent. Ce dernier extrêmement fûté, alliant tradition et modernité et tirant profit de son nouveau matériel plus performant, obtint des résultats dignes de donner des complexes aux plus aguerris des spécialistes de la mouche tropicale. A un point tel que le propriétaire du campement le pria de faire preuve de ménagement à l'égard de certains de ses clients qui ressentaient une évidente frustration. Il est toujours bon d'observer les locaux. Leurs techniques ancestrales ont d'excellentes raisons d'être...
peacock-bass bleu ou Tucunaré azul ( cichla piquiti) du bassin du rio Araguaia
Les mouches:
à peu près tous les modèles de mouches-leurres et gros streamers sont bien acceptées par le peacock-bass. Mais privilegiez la taille de vos imitations. En effet, le dicton: " à gros poissons, grosses mouches " trouve là toute son illustration. Notre tucunaré a les yeux plus gros que le ventre, et même les poissons de taille modeste n'hésitent pas à attaquer des streamers corpulents. Quant aux gros spécimens, ils se déplacent rarement lorsque la bouchée n'en vaut pas la peine. Aussi nous conseillerons-vous d'utiliser largement les matériaux synthétiques pour vos montages. En effet, ces matières plus ou moins hydrophobes se chargent moins en eau que les plumes et autres poils naturels, et sèchent en un faux lancer. Il devient alors possible de monter des mouches de très grande taille qui restent relativement " lançables". Autre argument qui plaide en faveur des grosses mouches. Il est évident que les petits peacocks sont beaucoup plus nombreux que les grands. Selon nombre de guides avec qui nous avons l'habitude de pêcher, les petits poissons seraient non seulement plus nombreux, mais aussi plus rapides que les gros, attaquant les mouches bien plus vite que leurs ainés et se faisant prendre d'autant plus facilement que l'imitation est de taille réduite, et inversement, d'autant moins facilement que la mouche est corpulente: ce qui ne peut en aucun cas constituer un obstacle pour un gros peacock dont la gueule est un véritable four. Il est vrai que lorsqu'on utilise des mouches de grande taille, même si on enregistre parfois un nombre impressionnant d'attaques, le nombre de prise est considérablement réduit, et leur taille moyenne plus élevée. Le tout est de savoir ce que l'on veut: soit un nombre de prises élevé et dans ce cas, il suffit d'utiliser des mouches de taille raisonnable, soit des gros poissons, et dans ce cas, il ne faut pas hésiter à accroître sensiblement la taille de ses mouches. Lors d'un récent séjour sur le rio Negro, afin d'étayer ce qui précède, nous nous sommes livrés à une petite expérience en utilisant essentiellement de très gros streamers excédant souvent les 20 centmètres de longueur, et montés sur des hameçons n° 5/0. Résultat: peu de prises pesaient moins de deux kilos: CQFD...
cichla mirianae du haut Xingu (Brésil)
Les gros poppers sont des générateurs d'attaques explosives, surtout lorsque les eaux commencent à sérieusement baisser. Ils se posent également comme le moyen le plus sûr de prendre de gros poissons. En effet, on prend rarement de petits peacocks au popper. Certains pêcheurs utilisent des montages en tandem: un popper, suivi d'un streamer... Si le popper n'est pas pris, il fait alors office de teaser, et c'est la mouche qui suit immédiatement qui est souvent attaquée. Excellente tactique permettant de faire assez régulièrement des doublés. Mais il y a le revers de la médaille: on s'accroche plus souvent, et l'ensemble n'est pas très agréable à lancer.
cichla melaniae du rio Xingu ( Brésil)
* Tucunare signifie littérallement en langue amérindienne tupi-guarani: ami des arbres de par la propension de notre animal pour la végétation, bois morts et autres enchevêtrements végétaux.
** pour des raisons d'éthique, nous vous déconseillerons cependant de faire cela. Même si votre prise est relachée après le combat, il ne faut pas oublier qu'elle sera éreintée par cette longue lutte sur un bas de ligne de résistance modérée, et que pendant la bagarre , et ensuite pendant la période de récupération de leur géniteur qui s'en suivra , les alevins resteront sans protection, et deviendront très vite la proie des autres prédateurs. Alors pêchez plutôt les plages de préférence: de très gros poissons affectionnent ces postes, et se positionnent régulièrement sur les pointes des îlots sabloneux. Il vaut mieux laisser les nurseries tranquilles si on est soucieux de contribuer à la pérrénité de l'espèce.
(1) parfois ces tâches longitudinales apparaissent très courtes, avec une apparence d'ocelles.: ce qui fait étrangement ressembler notre cichla Thyronnus à son cousin cichla orinocencis ou " butterfly pavon ou encore "tucunaré borboleta". On pense alors immédiatement à un hybride. Mais cela semble géographiquement impossible, car il n'existe aucune communication entre le bassin du Negro/Orénoque, berceau de l'orinocencis, et le bassin du Trombetas exclusif au cichla thyronnus.
(2) quelques grands fabricants ont considérablement renforcé l'âme des soies produites par leurs firmes, notamment pour faire face à la terrible défense de certaines espèces marines, tells que les carangues GT. Aussi, si vous souhaitez prospecter les bordures de végétation en transformant les luttes en... tir à la corde, je ne saurais que trop vous conseiller d'utiliser ces nouvelles soies... Mais gare à vos cannes....
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grand tucunaré paca (cichla temensis) du Rio Negro (Brésil)
Le peacock-bass, appelé aussi pavon par les Sud-américains hispanophones, tucunaré* au Brésil et dorade en Guyane française, est représenté par une quinzaine de variétés répertoriées à ce jour ( cf. études des ichtyologues Efrem Ferreira et Sven Kullander) , sur lesquelles nous ne nous étendrons pas. En effet, la chose est tellement complexe que même les plus éminents spécialistes y perdent leur latin. Les différences entre espèces et sous-espèces n'étant pas forcément visibles et n'existant que dans le code génétique. En réalité, il n' y aurait que cinq espèces de peacocks. Les autres ne seraient que la résultante d'adaptations chromatiques au milieu ambiant, ou encore peut-être tout simplement des variétés ou encore des hybrides. Les plus connus, répandus et recherchés sont le tucunaré açu ( littéralement en langue amérindienne tupi : grand tucunaré) des brésiliens, de son nom scientifique: cichla temensis, ou speckled pavon aux zébrures plus ou moins marquées: aussi la plus grosse espèce pouvant probablement atteindre quinze kilogrammes; le tucunaré paca, à la livrée plus sombre, tacheté longitudinalement de blanc , qui ne serait selon les spécialistes qu'une variation locale de cichla temensis, pouvant lui aussi atteindre une taille élevée, et qui reste et de très loin le plus féroce combattant de tous les peacocks. On remarquera également la propension du paca pour les zones de courant parfois dignes de salmonidés. Fait étrange: renseignement pris auprès de plusieurs guides de grande expérience, aucun paca ne présente la gibbosité ou bosse caractéristique du peacock-bass mâle. les pacas seraient-ils donc tous des femelles?
Il est à noter que ce phénomène de "mélanisation" ou plus prosaïquement, d'obscurcissement de la livrée, se retrouve également chez d'autres espèces que cichla temensis, mais aussi chez cichla thyronnus, cichla vazzoreli cichla pinima, ainsi que chez les deux espèces principales du rio Xingu, Cichla mirianae et cichla melaniae. S'agit-il tout simplement d'une forme de mimétisme? Seules des observations en milieu fermé seraient sans doute à même ne nous apporter un semblant de réponse scientifique
grand cichla vazzoreli du rio Nhamunda ( Brésil)
cichla vazzoreli, thyronus, souvent confondus avec cichla temensis, mais dont les rayures sombres sont d'avantage des taches longitudinales que des zébrures.(1), et qui peut atteindre également une taille très élevée. Il existe aussi une version " paca" de tous ces cichlidés: présents essentiellement dans dans les bassins des rios Trombetas, Nhamunda, Uatuma, Ensuite, nous trouvons Cichla pinima très semblable en apparence, bien répandu dans le bassin du rio Tapajos et quelques rivières de l'état d'Amapa ftrontalier avec la Guyane Française et qui peut atteindre 7 kilos environ. le tucunaré amarelo ou cichla monoculus , également nommé " tucunaré pitanga" ( du nom d'un petit fruit jaune d'Amazonie) ou encore " popoca",dont les plus gros spécimens ne dépassent pas en théorie, les six kilogrammes, le plus répandu dans tout le bassin amazonien; le cichla ocellaris tacheté d'ocelles comme son nom scientifique l'indique, atteignant sensiblement le même poids, espèce très présente au Surinam, au Guyana et dans le bassin du Maroni en Guyane française; le superbe tucunaré borboleta ou peacock butterfly( cichla orinocensis) spécifique au bassin de l'Orénoque et au haut Rio Negro, cours d'eau qui-on le sait, communiquent par l'intermédiaire d'un canal naturel nommé Casiquiare. Nous n'oublierons pas le cichla piquiti le superbe peacock bleu, ou "tucunaré azul" aux rayures noir bleuté, peuplant l'extrême sud de l'Amazonie, notamment le bassin de l'Araguaia-Tocantins ( piquiti = rayures en langue tupi-guarani).
Grand cichla Thyronnus du rio Trombetas ( Brésil) (photo Matthieu Carni)
Et enfin pour clôre cet inventaire non-exhaustif: cichla mirianae spécifique du haut rio Xingu, cichla melaniae que l'on trouve principalement sur le cours inférieur de cette même rivière. On citera également cichla kleberti très semblable en apparence à cichla monoculus au point de lui être souvent confondu et très répandu dans le bassin de l'Araguia Tocantins qu'il partage avec cichla piquiti.
Le superbe tucunaré borboleta ou butterfly peacock ( cichla orinocensis) (Photo Marcel Tijus)
On rencontre le peacock-bass dans les secteurs peu profonds et très encombrés de bois morts, de rochers et surtout partout où les cours d?eau s?élargissent et forment des sortes de lacs, ainsi que dans les culs de sac. En fin de saison des pluies, on le trouve carrément dans la forêt inondée par les crues. Sa pêche au popper ou au streamer avec des lignes à la densité adaptée en fonction de la température de l?eau est tout simplement passionnante. De par un comportement assez semblable à celui des centrarchidés, le peacock-bass se laissera séduire par les techniques utilisées par les moucheurs pour le black-bass à grande bouche, à condition toutefois que ceux-ci veillent à "vitaminer" quelque peu la puissance de leur matériel... En effet le tucunaré est le diable en personne au bout de la ligne et il saura exploiter toutes les opportunités aussi infimes soient-elles pour vous fausser compagnie et vous faire une brillante démonstration des limites de votre matériel.
cichla temensis trophée ( Photo Marcel Tijus)
Le peacock-bass est connu et réputé pour ses attaques spectaculaires des leurres de surface. Il s'agit parfois de véritables explosions qui font grimper le taux d'adrénaline à son paroxysme. En effet rien n'est plus beau et excitant que d'assister à cette phénoménale agression sur un popper qu'on a judicieusement placé et animé sur un poste prometteur. Quant à la défense qui s'en suit, elle est d'autant plus âpre que l'attaque a été violente.
Peacock-bass jaune ( tucunaré amarelo) ou cichla monoculus
Mais ce type d'attaque est loin de constituer une généralité: lorsqu'on pêche au streamer par exemple. En effet, nous avons pu observer à maintes reprises, sur des pêches à vue à la faveur de l'eau claire, que l'engamage de la mouche n'était parfois qu'un simple acte de prédation, sans agressivité aucune, que l'on pourrait tout à fait comparer à une prise de nymphe par une truite. Un streamer est rarement considéré comme un intrus menaçant l'intégrité territoriale du peacock, mais comme une proie potentielle en difficulté égarée hors de son cadre de référence. Alors qu'un popper, avec sa nage bruyante et saccadée, son volume, son aspect souvent hétéroclite, représente une véritable agression territoriale qu'il faut immédiatement éliminer, ou du moins chasser hors d'une zone où il ne devrait pas se trouver.
Le matériel:
Canne de 8 à 10, selon la taille moyenne des poissons du coin. Mais préférez tout de même une solide n° 10. On ne sait jamais: même si le cichla temensis ou tucunaré açu est absent du secteur. Sachez qu'un peacock n'excédant pas les 3 à 4 kilos est à même de vous " exploser" un bas de ligne de 20 Lbs sans difficulté, voire même une canne sur un démarrage. Or si vous ne disposez que de la puissance d'une canne de 8 à opposer à de tels bestiaux, vous risquez fort de subir quelques problèmes. Un conseil: à moins que vous ne soyez atteint de "recordite" auquel cas vous serez tenu de vous conformer aux règles sacro-saintes de l'IGFA, n'hésitez pas à pêcher très " costaud" ou alors recherchez les poissons qui croisent en eau libre comme par exemple ces grands spécimens qui escortent parfois leur progéniture loin de toute végétation et autres traquenards végétaux ou minéraux. Ces poissons sont généralement d'une agressivité inimaginable et attaquent violemment toute manifestation d'apparence hostile apparaissant à proximité de leur descendance**. Quant à pêcher avec un bas de ligne IGFA à proximité des structures végétales, je ne saurais que vous le déconseiller, à moins que vous n'ayez une boite à mouche bien remplie... En effet, un bas de ligne d'une résistance de 20 livres dans des endroits encombrés est une plaisanterie qui ne vous apportera que des déconvenues. Quant à nous, nous n'hésitons pas à utiliser un solide 35 à 40 livres , et parfois ce n'est pas suffisant... Un certain nombre d'expériences sur les géants du rio Negro, ne peuvent qu'étayer nos précautions. autre conseil: évitez les bas de ligne tout fluorocarbone. Malgré d'évidentes qualités que sont une bonne résistance à l'abrasion, une quasi-invisibilité sous l'eau une absence de flottabilité et une raideur favorisant l'immersion et l'étalement du bas de ligne lorsqu'on utilise de grosse mouches, ce matériau révolutionnaire présente tout de même un énorme inconvénient: son manque d'élasticité qui ajouté à celui de la soie (qui n'est en fait que de la tresse recouverte de PVC), ne peut en aucun cas amortir les démarrages canons des gros peacocks, à plus forte raison lorsque l'attaque a lieu très près de l'embarcation et que vous récupérerez votre mouche en ligne, canne basse sans aucune possibilité d'utiliser la flexibilité du blank pour répondre à la terrible onde de choc des attaques aussi subites que violentes de ces poissons. Il a en effet été établi que l'énergie cinétique développée par un peacock au démarrage est supérieure à trois fois son poids corporel, et cela sur une distance d'à peine un mètre... Peut-être ceci est-il à même d'expliquer la raison de ma soie flambant neuve... brisée alors que j'utilisais un bas de ligne tout fluoro de 40 lbs... Il est vrai que la résistance d'une soie tropicale n'est que de 35 lbs...(1)
Aussi, après de nombreux déboires, voici la solution que nous employons désormais: nous utilisons du bon vieux nylon, bien élastique pour confectionner le corps du bas de ligne. Quant au fluorocarbone: seulement en pointe ou " shock-tippet" si vous préférez pour sa résistance à l'abrasion.
cichla ocellaris avec mouche dans la gueule ( photo Martine Courtois)
La soie sera adaptée à la canne, flottante pour le streamer et le popper, et les eaux normales ( ni trop basses, ni trop hautes), intermédiaire pour la mouche-leurre seule, et flottante avec pointe plongeante à haute densité( 200/ 300 grains) pour les eaux un peu hautes du début de saison, ou les eaux très chaudes et très basses, lorsque le poisson se réfugie en profondeur afin de rechercher la fraicheur.
la technique:
Il s'agit d'une prospection systématique de tous les postes possibles de bordure, en vous focalisant sur les bois morts, la végétation immergée et les rochers. Privilégiez toujours la partie la plus calme du cours d'eau, avec une profondeur de 2 à 3 mètres en moyenne. Insistez particulièrement sur les confluents avec les petits tributaires, mais aussi les entrées de culs de sac, et de petits lacs sont des endroits sur lesquels il convient de se focaliser car ce sont souvent les postes de prédilection de gros sujets. On pense à tort que l'attaque du peacock aura lieu tout de suite ou jamais, tant ce poisson a une réputation d' extrême agressivité. Mais pour avoir observé à de nombreuses reprises son comportement face à nos mouches, nous pouvons affirmer qu'il n'en est rien. En effet, c'est souvent à la troisième, quatrième, voire même cinquième présentation de la mouche que notre peacock se décidera après avoir feint ou manifesté une indifférence absolue. Aussi ne pêchez pas trop hâtivement un poste qui vous inspire. Votre persévérance se verra souvent récompensée. Autre tactique qui donne également de bons résultats. Mettez à profit vos faux lancers: laissez votre mouche toucher, voire même frapper l'eau à plusieurs reprises dans les parages immédiats du poste visé, lors des lancers avant. Cela aura pour effet d'éveiller l'attention du peacock qui reste un poisson extrêmement curieux, et peu timoré par tout ce qui ne relève pas de la gesticulation humaine directe ( bien que depuis quelque temps, il semble réagir à notre présence de plus en plus fréquente...). Lorsque votre streamer aura touché l'eau trois ou quatre fois, posez le, laissez le couler légèrement et commencez seulement à le récupérer. Le peacock, attiré par ce bruit sortira de sa cache, et viendra voir ce qui se passe. Nous avons également observé les riverains des cours d'eau amazoniens, en train de brasser l'eau de la pointe de leur canne ou carément avec la main, imitant de la sorte un bruit de chasse. Ensuite, il leur suffit de lancer leur leurre ou appât le plus loin possible, et de l'animer en dents de scie. Les résultats sont d'autant plus surprenant que le matériel est rudimentaire. Et pour conclure, citons l'exemple de ce guide à qui nous avions appris à utiliser un fouet dont nous lui avions fait présent. Ce dernier extrêmement fûté, alliant tradition et modernité et tirant profit de son nouveau matériel plus performant, obtint des résultats dignes de donner des complexes aux plus aguerris des spécialistes de la mouche tropicale. A un point tel que le propriétaire du campement le pria de faire preuve de ménagement à l'égard de certains de ses clients qui ressentaient une évidente frustration. Il est toujours bon d'observer les locaux. Leurs techniques ancestrales ont d'excellentes raisons d'être...
peacock-bass bleu ou Tucunaré azul ( cichla piquiti) du bassin du rio Araguaia
Les mouches:
à peu près tous les modèles de mouches-leurres et gros streamers sont bien acceptées par le peacock-bass. Mais privilegiez la taille de vos imitations. En effet, le dicton: " à gros poissons, grosses mouches " trouve là toute son illustration. Notre tucunaré a les yeux plus gros que le ventre, et même les poissons de taille modeste n'hésitent pas à attaquer des streamers corpulents. Quant aux gros spécimens, ils se déplacent rarement lorsque la bouchée n'en vaut pas la peine. Aussi nous conseillerons-vous d'utiliser largement les matériaux synthétiques pour vos montages. En effet, ces matières plus ou moins hydrophobes se chargent moins en eau que les plumes et autres poils naturels, et sèchent en un faux lancer. Il devient alors possible de monter des mouches de très grande taille qui restent relativement " lançables". Autre argument qui plaide en faveur des grosses mouches. Il est évident que les petits peacocks sont beaucoup plus nombreux que les grands. Selon nombre de guides avec qui nous avons l'habitude de pêcher, les petits poissons seraient non seulement plus nombreux, mais aussi plus rapides que les gros, attaquant les mouches bien plus vite que leurs ainés et se faisant prendre d'autant plus facilement que l'imitation est de taille réduite, et inversement, d'autant moins facilement que la mouche est corpulente: ce qui ne peut en aucun cas constituer un obstacle pour un gros peacock dont la gueule est un véritable four. Il est vrai que lorsqu'on utilise des mouches de grande taille, même si on enregistre parfois un nombre impressionnant d'attaques, le nombre de prise est considérablement réduit, et leur taille moyenne plus élevée. Le tout est de savoir ce que l'on veut: soit un nombre de prises élevé et dans ce cas, il suffit d'utiliser des mouches de taille raisonnable, soit des gros poissons, et dans ce cas, il ne faut pas hésiter à accroître sensiblement la taille de ses mouches. Lors d'un récent séjour sur le rio Negro, afin d'étayer ce qui précède, nous nous sommes livrés à une petite expérience en utilisant essentiellement de très gros streamers excédant souvent les 20 centmètres de longueur, et montés sur des hameçons n° 5/0. Résultat: peu de prises pesaient moins de deux kilos: CQFD...
cichla mirianae du haut Xingu (Brésil)
Les gros poppers sont des générateurs d'attaques explosives, surtout lorsque les eaux commencent à sérieusement baisser. Ils se posent également comme le moyen le plus sûr de prendre de gros poissons. En effet, on prend rarement de petits peacocks au popper. Certains pêcheurs utilisent des montages en tandem: un popper, suivi d'un streamer... Si le popper n'est pas pris, il fait alors office de teaser, et c'est la mouche qui suit immédiatement qui est souvent attaquée. Excellente tactique permettant de faire assez régulièrement des doublés. Mais il y a le revers de la médaille: on s'accroche plus souvent, et l'ensemble n'est pas très agréable à lancer.
cichla melaniae du rio Xingu ( Brésil)
* Tucunare signifie littérallement en langue amérindienne tupi-guarani: ami des arbres de par la propension de notre animal pour la végétation, bois morts et autres enchevêtrements végétaux.
** pour des raisons d'éthique, nous vous déconseillerons cependant de faire cela. Même si votre prise est relachée après le combat, il ne faut pas oublier qu'elle sera éreintée par cette longue lutte sur un bas de ligne de résistance modérée, et que pendant la bagarre , et ensuite pendant la période de récupération de leur géniteur qui s'en suivra , les alevins resteront sans protection, et deviendront très vite la proie des autres prédateurs. Alors pêchez plutôt les plages de préférence: de très gros poissons affectionnent ces postes, et se positionnent régulièrement sur les pointes des îlots sabloneux. Il vaut mieux laisser les nurseries tranquilles si on est soucieux de contribuer à la pérrénité de l'espèce.
(1) parfois ces tâches longitudinales apparaissent très courtes, avec une apparence d'ocelles.: ce qui fait étrangement ressembler notre cichla Thyronnus à son cousin cichla orinocencis ou " butterfly pavon ou encore "tucunaré borboleta". On pense alors immédiatement à un hybride. Mais cela semble géographiquement impossible, car il n'existe aucune communication entre le bassin du Negro/Orénoque, berceau de l'orinocencis, et le bassin du Trombetas exclusif au cichla thyronnus.
(2) quelques grands fabricants ont considérablement renforcé l'âme des soies produites par leurs firmes, notamment pour faire face à la terrible défense de certaines espèces marines, tells que les carangues GT. Aussi, si vous souhaitez prospecter les bordures de végétation en transformant les luttes en... tir à la corde, je ne saurais que trop vous conseiller d'utiliser ces nouvelles soies... Mais gare à vos cannes....
[ Retour au sommaire des espèces ]
grand tucunaré paca (cichla temensis) du Rio Negro (Brésil)
Le peacock-bass, appelé aussi pavon par les Sud-américains hispanophones, tucunaré* au Brésil et dorade en Guyane française, est représenté par une quinzaine de variétés répertoriées à ce jour ( cf. études des ichtyologues Efrem Ferreira et Sven Kullander) , sur lesquelles nous ne nous étendrons pas. En effet, la chose est tellement complexe que même les plus éminents spécialistes y perdent leur latin. Les différences entre espèces et sous-espèces n'étant pas forcément visibles et n'existant que dans le code génétique. En réalité, il n' y aurait que cinq espèces de peacocks. Les autres ne seraient que la résultante d'adaptations chromatiques au milieu ambiant, ou encore peut-être tout simplement des variétés ou encore des hybrides. Les plus connus, répandus et recherchés sont le tucunaré açu ( littéralement en langue amérindienne tupi : grand tucunaré) des brésiliens, de son nom scientifique: cichla temensis, ou speckled pavon aux zébrures plus ou moins marquées: aussi la plus grosse espèce pouvant probablement atteindre quinze kilogrammes; le tucunaré paca, à la livrée plus sombre, tacheté longitudinalement de blanc , qui ne serait selon les spécialistes qu'une variation locale de cichla temensis, pouvant lui aussi atteindre une taille élevée, et qui reste et de très loin le plus féroce combattant de tous les peacocks. On remarquera également la propension du paca pour les zones de courant parfois dignes de salmonidés. Fait étrange: renseignement pris auprès de plusieurs guides de grande expérience, aucun paca ne présente la gibbosité ou bosse caractéristique du peacock-bass mâle. les pacas seraient-ils donc tous des femelles?
Il est à noter que ce phénomène de "mélanisation" ou plus prosaïquement, d'obscurcissement de la livrée, se retrouve également chez d'autres espèces que cichla temensis, mais aussi chez cichla thyronnus, cichla vazzoreli cichla pinima, ainsi que chez les deux espèces principales du rio Xingu, Cichla mirianae et cichla melaniae. S'agit-il tout simplement d'une forme de mimétisme? Seules des observations en milieu fermé seraient sans doute à même ne nous apporter un semblant de réponse scientifique
grand cichla vazzoreli du rio Nhamunda ( Brésil)
cichla vazzoreli, thyronus, souvent confondus avec cichla temensis, mais dont les rayures sombres sont d'avantage des taches longitudinales que des zébrures.(1), et qui peut atteindre également une taille très élevée. Il existe aussi une version " paca" de tous ces cichlidés: présents essentiellement dans dans les bassins des rios Trombetas, Nhamunda, Uatuma, Ensuite, nous trouvons Cichla pinima très semblable en apparence, bien répandu dans le bassin du rio Tapajos et quelques rivières de l'état d'Amapa ftrontalier avec la Guyane Française et qui peut atteindre 7 kilos environ. le tucunaré amarelo ou cichla monoculus , également nommé " tucunaré pitanga" ( du nom d'un petit fruit jaune d'Amazonie) ou encore " popoca",dont les plus gros spécimens ne dépassent pas en théorie, les six kilogrammes, le plus répandu dans tout le bassin amazonien; le cichla ocellaris tacheté d'ocelles comme son nom scientifique l'indique, atteignant sensiblement le même poids, espèce très présente au Surinam, au Guyana et dans le bassin du Maroni en Guyane française; le superbe tucunaré borboleta ou peacock butterfly( cichla orinocensis) spécifique au bassin de l'Orénoque et au haut Rio Negro, cours d'eau qui-on le sait, communiquent par l'intermédiaire d'un canal naturel nommé Casiquiare. Nous n'oublierons pas le cichla piquiti le superbe peacock bleu, ou "tucunaré azul" aux rayures noir bleuté, peuplant l'extrême sud de l'Amazonie, notamment le bassin de l'Araguaia-Tocantins ( piquiti = rayures en langue tupi-guarani).
Grand cichla Thyronnus du rio Trombetas ( Brésil) (photo Matthieu Carni)
Et enfin pour clôre cet inventaire non-exhaustif: cichla mirianae spécifique du haut rio Xingu, cichla melaniae que l'on trouve principalement sur le cours inférieur de cette même rivière. On citera également cichla kleberti très semblable en apparence à cichla monoculus au point de lui être souvent confondu et très répandu dans le bassin de l'Araguia Tocantins qu'il partage avec cichla piquiti.
Le superbe tucunaré borboleta ou butterfly peacock ( cichla orinocensis) (Photo Marcel Tijus)
On rencontre le peacock-bass dans les secteurs peu profonds et très encombrés de bois morts, de rochers et surtout partout où les cours d?eau s?élargissent et forment des sortes de lacs, ainsi que dans les culs de sac. En fin de saison des pluies, on le trouve carrément dans la forêt inondée par les crues. Sa pêche au popper ou au streamer avec des lignes à la densité adaptée en fonction de la température de l?eau est tout simplement passionnante. De par un comportement assez semblable à celui des centrarchidés, le peacock-bass se laissera séduire par les techniques utilisées par les moucheurs pour le black-bass à grande bouche, à condition toutefois que ceux-ci veillent à "vitaminer" quelque peu la puissance de leur matériel... En effet le tucunaré est le diable en personne au bout de la ligne et il saura exploiter toutes les opportunités aussi infimes soient-elles pour vous fausser compagnie et vous faire une brillante démonstration des limites de votre matériel.
cichla temensis trophée ( Photo Marcel Tijus)
Le peacock-bass est connu et réputé pour ses attaques spectaculaires des leurres de surface. Il s'agit parfois de véritables explosions qui font grimper le taux d'adrénaline à son paroxysme. En effet rien n'est plus beau et excitant que d'assister à cette phénoménale agression sur un popper qu'on a judicieusement placé et animé sur un poste prometteur. Quant à la défense qui s'en suit, elle est d'autant plus âpre que l'attaque a été violente.
Peacock-bass jaune ( tucunaré amarelo) ou cichla monoculus
Mais ce type d'attaque est loin de constituer une généralité: lorsqu'on pêche au streamer par exemple. En effet, nous avons pu observer à maintes reprises, sur des pêches à vue à la faveur de l'eau claire, que l'engamage de la mouche n'était parfois qu'un simple acte de prédation, sans agressivité aucune, que l'on pourrait tout à fait comparer à une prise de nymphe par une truite. Un streamer est rarement considéré comme un intrus menaçant l'intégrité territoriale du peacock, mais comme une proie potentielle en difficulté égarée hors de son cadre de référence. Alors qu'un popper, avec sa nage bruyante et saccadée, son volume, son aspect souvent hétéroclite, représente une véritable agression territoriale qu'il faut immédiatement éliminer, ou du moins chasser hors d'une zone où il ne devrait pas se trouver.
Le matériel:
Canne de 8 à 10, selon la taille moyenne des poissons du coin. Mais préférez tout de même une solide n° 10. On ne sait jamais: même si le cichla temensis ou tucunaré açu est absent du secteur. Sachez qu'un peacock n'excédant pas les 3 à 4 kilos est à même de vous " exploser" un bas de ligne de 20 Lbs sans difficulté, voire même une canne sur un démarrage. Or si vous ne disposez que de la puissance d'une canne de 8 à opposer à de tels bestiaux, vous risquez fort de subir quelques problèmes. Un conseil: à moins que vous ne soyez atteint de "recordite" auquel cas vous serez tenu de vous conformer aux règles sacro-saintes de l'IGFA, n'hésitez pas à pêcher très " costaud" ou alors recherchez les poissons qui croisent en eau libre comme par exemple ces grands spécimens qui escortent parfois leur progéniture loin de toute végétation et autres traquenards végétaux ou minéraux. Ces poissons sont généralement d'une agressivité inimaginable et attaquent violemment toute manifestation d'apparence hostile apparaissant à proximité de leur descendance**. Quant à pêcher avec un bas de ligne IGFA à proximité des structures végétales, je ne saurais que vous le déconseiller, à moins que vous n'ayez une boite à mouche bien remplie... En effet, un bas de ligne d'une résistance de 20 livres dans des endroits encombrés est une plaisanterie qui ne vous apportera que des déconvenues. Quant à nous, nous n'hésitons pas à utiliser un solide 35 à 40 livres , et parfois ce n'est pas suffisant... Un certain nombre d'expériences sur les géants du rio Negro, ne peuvent qu'étayer nos précautions. autre conseil: évitez les bas de ligne tout fluorocarbone. Malgré d'évidentes qualités que sont une bonne résistance à l'abrasion, une quasi-invisibilité sous l'eau une absence de flottabilité et une raideur favorisant l'immersion et l'étalement du bas de ligne lorsqu'on utilise de grosse mouches, ce matériau révolutionnaire présente tout de même un énorme inconvénient: son manque d'élasticité qui ajouté à celui de la soie (qui n'est en fait que de la tresse recouverte de PVC), ne peut en aucun cas amortir les démarrages canons des gros peacocks, à plus forte raison lorsque l'attaque a lieu très près de l'embarcation et que vous récupérerez votre mouche en ligne, canne basse sans aucune possibilité d'utiliser la flexibilité du blank pour répondre à la terrible onde de choc des attaques aussi subites que violentes de ces poissons. Il a en effet été établi que l'énergie cinétique développée par un peacock au démarrage est supérieure à trois fois son poids corporel, et cela sur une distance d'à peine un mètre... Peut-être ceci est-il à même d'expliquer la raison de ma soie flambant neuve... brisée alors que j'utilisais un bas de ligne tout fluoro de 40 lbs... Il est vrai que la résistance d'une soie tropicale n'est que de 35 lbs...(1)
Aussi, après de nombreux déboires, voici la solution que nous employons désormais: nous utilisons du bon vieux nylon, bien élastique pour confectionner le corps du bas de ligne. Quant au fluorocarbone: seulement en pointe ou " shock-tippet" si vous préférez pour sa résistance à l'abrasion.
cichla ocellaris avec mouche dans la gueule ( photo Martine Courtois)
La soie sera adaptée à la canne, flottante pour le streamer et le popper, et les eaux normales ( ni trop basses, ni trop hautes), intermédiaire pour la mouche-leurre seule, et flottante avec pointe plongeante à haute densité( 200/ 300 grains) pour les eaux un peu hautes du début de saison, ou les eaux très chaudes et très basses, lorsque le poisson se réfugie en profondeur afin de rechercher la fraicheur.
la technique:
Il s'agit d'une prospection systématique de tous les postes possibles de bordure, en vous focalisant sur les bois morts, la végétation immergée et les rochers. Privilégiez toujours la partie la plus calme du cours d'eau, avec une profondeur de 2 à 3 mètres en moyenne. Insistez particulièrement sur les confluents avec les petits tributaires, mais aussi les entrées de culs de sac, et de petits lacs sont des endroits sur lesquels il convient de se focaliser car ce sont souvent les postes de prédilection de gros sujets. On pense à tort que l'attaque du peacock aura lieu tout de suite ou jamais, tant ce poisson a une réputation d' extrême agressivité. Mais pour avoir observé à de nombreuses reprises son comportement face à nos mouches, nous pouvons affirmer qu'il n'en est rien. En effet, c'est souvent à la troisième, quatrième, voire même cinquième présentation de la mouche que notre peacock se décidera après avoir feint ou manifesté une indifférence absolue. Aussi ne pêchez pas trop hâtivement un poste qui vous inspire. Votre persévérance se verra souvent récompensée. Autre tactique qui donne également de bons résultats. Mettez à profit vos faux lancers: laissez votre mouche toucher, voire même frapper l'eau à plusieurs reprises dans les parages immédiats du poste visé, lors des lancers avant. Cela aura pour effet d'éveiller l'attention du peacock qui reste un poisson extrêmement curieux, et peu timoré par tout ce qui ne relève pas de la gesticulation humaine directe ( bien que depuis quelque temps, il semble réagir à notre présence de plus en plus fréquente...). Lorsque votre streamer aura touché l'eau trois ou quatre fois, posez le, laissez le couler légèrement et commencez seulement à le récupérer. Le peacock, attiré par ce bruit sortira de sa cache, et viendra voir ce qui se passe. Nous avons également observé les riverains des cours d'eau amazoniens, en train de brasser l'eau de la pointe de leur canne ou carément avec la main, imitant de la sorte un bruit de chasse. Ensuite, il leur suffit de lancer leur leurre ou appât le plus loin possible, et de l'animer en dents de scie. Les résultats sont d'autant plus surprenant que le matériel est rudimentaire. Et pour conclure, citons l'exemple de ce guide à qui nous avions appris à utiliser un fouet dont nous lui avions fait présent. Ce dernier extrêmement fûté, alliant tradition et modernité et tirant profit de son nouveau matériel plus performant, obtint des résultats dignes de donner des complexes aux plus aguerris des spécialistes de la mouche tropicale. A un point tel que le propriétaire du campement le pria de faire preuve de ménagement à l'égard de certains de ses clients qui ressentaient une évidente frustration. Il est toujours bon d'observer les locaux. Leurs techniques ancestrales ont d'excellentes raisons d'être...
peacock-bass bleu ou Tucunaré azul ( cichla piquiti) du bassin du rio Araguaia
Les mouches:
à peu près tous les modèles de mouches-leurres et gros streamers sont bien acceptées par le peacock-bass. Mais privilegiez la taille de vos imitations. En effet, le dicton: " à gros poissons, grosses mouches " trouve là toute son illustration. Notre tucunaré a les yeux plus gros que le ventre, et même les poissons de taille modeste n'hésitent pas à attaquer des streamers corpulents. Quant aux gros spécimens, ils se déplacent rarement lorsque la bouchée n'en vaut pas la peine. Aussi nous conseillerons-vous d'utiliser largement les matériaux synthétiques pour vos montages. En effet, ces matières plus ou moins hydrophobes se chargent moins en eau que les plumes et autres poils naturels, et sèchent en un faux lancer. Il devient alors possible de monter des mouches de très grande taille qui restent relativement " lançables". Autre argument qui plaide en faveur des grosses mouches. Il est évident que les petits peacocks sont beaucoup plus nombreux que les grands. Selon nombre de guides avec qui nous avons l'habitude de pêcher, les petits poissons seraient non seulement plus nombreux, mais aussi plus rapides que les gros, attaquant les mouches bien plus vite que leurs ainés et se faisant prendre d'autant plus facilement que l'imitation est de taille réduite, et inversement, d'autant moins facilement que la mouche est corpulente: ce qui ne peut en aucun cas constituer un obstacle pour un gros peacock dont la gueule est un véritable four. Il est vrai que lorsqu'on utilise des mouches de grande taille, même si on enregistre parfois un nombre impressionnant d'attaques, le nombre de prise est considérablement réduit, et leur taille moyenne plus élevée. Le tout est de savoir ce que l'on veut: soit un nombre de prises élevé et dans ce cas, il suffit d'utiliser des mouches de taille raisonnable, soit des gros poissons, et dans ce cas, il ne faut pas hésiter à accroître sensiblement la taille de ses mouches. Lors d'un récent séjour sur le rio Negro, afin d'étayer ce qui précède, nous nous sommes livrés à une petite expérience en utilisant essentiellement de très gros streamers excédant souvent les 20 centmètres de longueur, et montés sur des hameçons n° 5/0. Résultat: peu de prises pesaient moins de deux kilos: CQFD...
cichla mirianae du haut Xingu (Brésil)
Les gros poppers sont des générateurs d'attaques explosives, surtout lorsque les eaux commencent à sérieusement baisser. Ils se posent également comme le moyen le plus sûr de prendre de gros poissons. En effet, on prend rarement de petits peacocks au popper. Certains pêcheurs utilisent des montages en tandem: un popper, suivi d'un streamer... Si le popper n'est pas pris, il fait alors office de teaser, et c'est la mouche qui suit immédiatement qui est souvent attaquée. Excellente tactique permettant de faire assez régulièrement des doublés. Mais il y a le revers de la médaille: on s'accroche plus souvent, et l'ensemble n'est pas très agréable à lancer.
cichla melaniae du rio Xingu ( Brésil)
* Tucunare signifie littérallement en langue amérindienne tupi-guarani: ami des arbres de par la propension de notre animal pour la végétation, bois morts et autres enchevêtrements végétaux.
** pour des raisons d'éthique, nous vous déconseillerons cependant de faire cela. Même si votre prise est relachée après le combat, il ne faut pas oublier qu'elle sera éreintée par cette longue lutte sur un bas de ligne de résistance modérée, et que pendant la bagarre , et ensuite pendant la période de récupération de leur géniteur qui s'en suivra , les alevins resteront sans protection, et deviendront très vite la proie des autres prédateurs. Alors pêchez plutôt les plages de préférence: de très gros poissons affectionnent ces postes, et se positionnent régulièrement sur les pointes des îlots sabloneux. Il vaut mieux laisser les nurseries tranquilles si on est soucieux de contribuer à la pérrénité de l'espèce.
(1) parfois ces tâches longitudinales apparaissent très courtes, avec une apparence d'ocelles.: ce qui fait étrangement ressembler notre cichla Thyronnus à son cousin cichla orinocencis ou " butterfly pavon ou encore "tucunaré borboleta". On pense alors immédiatement à un hybride. Mais cela semble géographiquement impossible, car il n'existe aucune communication entre le bassin du Negro/Orénoque, berceau de l'orinocencis, et le bassin du Trombetas exclusif au cichla thyronnus.
(2) quelques grands fabricants ont considérablement renforcé l'âme des soies produites par leurs firmes, notamment pour faire face à la terrible défense de certaines espèces marines, tells que les carangues GT. Aussi, si vous souhaitez prospecter les bordures de végétation en transformant les luttes en... tir à la corde, je ne saurais que trop vous conseiller d'utiliser ces nouvelles soies... Mais gare à vos cannes....
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(Cichla s.pp) de la famille des cichlidés.
PEACOCK-BASS, TUCUNARE (*), PAVON
(Cichla s.pp) de la famille des cichlidés.
grand tucunaré paca (cichla temensis) du Rio Negro (Brésil)
Le peacock-bass, appelé aussi pavon par les Sud-américains hispanophones, tucunaré* au Brésil et dorade en Guyane française, est représenté par une quinzaine de variétés répertoriées à ce jour ( cf. études des ichtyologues Efrem Ferreira et Sven Kullander) , sur lesquelles nous ne nous étendrons pas. En effet, la chose est tellement complexe que même les plus éminents spécialistes y perdent leur latin. Les différences entre espèces et sous-espèces n'étant pas forcément visibles et n'existant que dans le code génétique. En réalité, il n' y aurait que cinq espèces de peacocks. Les autres ne seraient que la résultante d'adaptations chromatiques au milieu ambiant, ou encore peut-être tout simplement des variétés ou encore des hybrides. Les plus connus, répandus et recherchés sont le tucunaré açu ( littéralement en langue amérindienne tupi : grand tucunaré) des brésiliens, de son nom scientifique: cichla temensis, ou speckled pavon aux zébrures plus ou moins marquées: aussi la plus grosse espèce pouvant probablement atteindre quinze kilogrammes; le tucunaré paca, à la livrée plus sombre, tacheté longitudinalement de blanc , qui ne serait selon les spécialistes qu'une variation locale de cichla temensis, pouvant lui aussi atteindre une taille élevée, et qui reste et de très loin le plus féroce combattant de tous les peacocks. On remarquera également la propension du paca pour les zones de courant parfois dignes de salmonidés. Fait étrange: renseignement pris auprès de plusieurs guides de grande expérience, aucun paca ne présente la gibbosité ou bosse caractéristique du peacock-bass mâle. les pacas seraient-ils donc tous des femelles?
Il est à noter que ce phénomène de "mélanisation" ou plus prosaïquement, d'obscurcissement de la livrée, se retrouve également chez d'autres espèces que cichla temensis, mais aussi chez cichla thyronnus, cichla vazzoreli cichla pinima, ainsi que chez les deux espèces principales du rio Xingu, Cichla mirianae et cichla melaniae. S'agit-il tout simplement d'une forme de mimétisme? Seules des observations en milieu fermé seraient sans doute à même ne nous apporter un semblant de réponse scientifique
grand cichla vazzoreli du rio Nhamunda ( Brésil)
cichla vazzoreli, thyronus, souvent confondus avec cichla temensis, mais dont les rayures sombres sont d'avantage des taches longitudinales que des zébrures.(1), et qui peut atteindre également une taille très élevée. Il existe aussi une version " paca" de tous ces cichlidés: présents essentiellement dans dans les bassins des rios Trombetas, Nhamunda, Uatuma, Ensuite, nous trouvons Cichla pinima très semblable en apparence, bien répandu dans le bassin du rio Tapajos et quelques rivières de l'état d'Amapa ftrontalier avec la Guyane Française et qui peut atteindre 7 kilos environ. le tucunaré amarelo ou cichla monoculus , également nommé " tucunaré pitanga" ( du nom d'un petit fruit jaune d'Amazonie) ou encore " popoca",dont les plus gros spécimens ne dépassent pas en théorie, les six kilogrammes, le plus répandu dans tout le bassin amazonien; le cichla ocellaris tacheté d'ocelles comme son nom scientifique l'indique, atteignant sensiblement le même poids, espèce très présente au Surinam, au Guyana et dans le bassin du Maroni en Guyane française; le superbe tucunaré borboleta ou peacock butterfly( cichla orinocensis) spécifique au bassin de l'Orénoque et au haut Rio Negro, cours d'eau qui-on le sait, communiquent par l'intermédiaire d'un canal naturel nommé Casiquiare. Nous n'oublierons pas le cichla piquiti le superbe peacock bleu, ou "tucunaré azul" aux rayures noir bleuté, peuplant l'extrême sud de l'Amazonie, notamment le bassin de l'Araguaia-Tocantins ( piquiti = rayures en langue tupi-guarani).
Grand cichla Thyronnus du rio Trombetas ( Brésil) (photo Matthieu Carni)
Et enfin pour clôre cet inventaire non-exhaustif: cichla mirianae spécifique du haut rio Xingu, cichla melaniae que l'on trouve principalement sur le cours inférieur de cette même rivière. On citera également cichla kleberti très semblable en apparence à cichla monoculus au point de lui être souvent confondu et très répandu dans le bassin de l'Araguia Tocantins qu'il partage avec cichla piquiti.
Le superbe tucunaré borboleta ou butterfly peacock ( cichla orinocensis) (Photo Marcel Tijus)
On rencontre le peacock-bass dans les secteurs peu profonds et très encombrés de bois morts, de rochers et surtout partout où les cours d?eau s?élargissent et forment des sortes de lacs, ainsi que dans les culs de sac. En fin de saison des pluies, on le trouve carrément dans la forêt inondée par les crues. Sa pêche au popper ou au streamer avec des lignes à la densité adaptée en fonction de la température de l?eau est tout simplement passionnante. De par un comportement assez semblable à celui des centrarchidés, le peacock-bass se laissera séduire par les techniques utilisées par les moucheurs pour le black-bass à grande bouche, à condition toutefois que ceux-ci veillent à "vitaminer" quelque peu la puissance de leur matériel... En effet le tucunaré est le diable en personne au bout de la ligne et il saura exploiter toutes les opportunités aussi infimes soient-elles pour vous fausser compagnie et vous faire une brillante démonstration des limites de votre matériel.
cichla temensis trophée ( Photo Marcel Tijus)
Le peacock-bass est connu et réputé pour ses attaques spectaculaires des leurres de surface. Il s'agit parfois de véritables explosions qui font grimper le taux d'adrénaline à son paroxysme. En effet rien n'est plus beau et excitant que d'assister à cette phénoménale agression sur un popper qu'on a judicieusement placé et animé sur un poste prometteur. Quant à la défense qui s'en suit, elle est d'autant plus âpre que l'attaque a été violente.
Peacock-bass jaune ( tucunaré amarelo) ou cichla monoculus
Mais ce type d'attaque est loin de constituer une généralité: lorsqu'on pêche au streamer par exemple. En effet, nous avons pu observer à maintes reprises, sur des pêches à vue à la faveur de l'eau claire, que l'engamage de la mouche n'était parfois qu'un simple acte de prédation, sans agressivité aucune, que l'on pourrait tout à fait comparer à une prise de nymphe par une truite. Un streamer est rarement considéré comme un intrus menaçant l'intégrité territoriale du peacock, mais comme une proie potentielle en difficulté égarée hors de son cadre de référence. Alors qu'un popper, avec sa nage bruyante et saccadée, son volume, son aspect souvent hétéroclite, représente une véritable agression territoriale qu'il faut immédiatement éliminer, ou du moins chasser hors d'une zone où il ne devrait pas se trouver.
Le matériel:
Canne de 8 à 10, selon la taille moyenne des poissons du coin. Mais préférez tout de même une solide n° 10. On ne sait jamais: même si le cichla temensis ou tucunaré açu est absent du secteur. Sachez qu'un peacock n'excédant pas les 3 à 4 kilos est à même de vous " exploser" un bas de ligne de 20 Lbs sans difficulté, voire même une canne sur un démarrage. Or si vous ne disposez que de la puissance d'une canne de 8 à opposer à de tels bestiaux, vous risquez fort de subir quelques problèmes. Un conseil: à moins que vous ne soyez atteint de "recordite" auquel cas vous serez tenu de vous conformer aux règles sacro-saintes de l'IGFA, n'hésitez pas à pêcher très " costaud" ou alors recherchez les poissons qui croisent en eau libre comme par exemple ces grands spécimens qui escortent parfois leur progéniture loin de toute végétation et autres traquenards végétaux ou minéraux. Ces poissons sont généralement d'une agressivité inimaginable et attaquent violemment toute manifestation d'apparence hostile apparaissant à proximité de leur descendance**. Quant à pêcher avec un bas de ligne IGFA à proximité des structures végétales, je ne saurais que vous le déconseiller, à moins que vous n'ayez une boite à mouche bien remplie... En effet, un bas de ligne d'une résistance de 20 livres dans des endroits encombrés est une plaisanterie qui ne vous apportera que des déconvenues. Quant à nous, nous n'hésitons pas à utiliser un solide 35 à 40 livres , et parfois ce n'est pas suffisant... Un certain nombre d'expériences sur les géants du rio Negro, ne peuvent qu'étayer nos précautions. autre conseil: évitez les bas de ligne tout fluorocarbone. Malgré d'évidentes qualités que sont une bonne résistance à l'abrasion, une quasi-invisibilité sous l'eau une absence de flottabilité et une raideur favorisant l'immersion et l'étalement du bas de ligne lorsqu'on utilise de grosse mouches, ce matériau révolutionnaire présente tout de même un énorme inconvénient: son manque d'élasticité qui ajouté à celui de la soie (qui n'est en fait que de la tresse recouverte de PVC), ne peut en aucun cas amortir les démarrages canons des gros peacocks, à plus forte raison lorsque l'attaque a lieu très près de l'embarcation et que vous récupérerez votre mouche en ligne, canne basse sans aucune possibilité d'utiliser la flexibilité du blank pour répondre à la terrible onde de choc des attaques aussi subites que violentes de ces poissons. Il a en effet été établi que l'énergie cinétique développée par un peacock au démarrage est supérieure à trois fois son poids corporel, et cela sur une distance d'à peine un mètre... Peut-être ceci est-il à même d'expliquer la raison de ma soie flambant neuve... brisée alors que j'utilisais un bas de ligne tout fluoro de 40 lbs... Il est vrai que la résistance d'une soie tropicale n'est que de 35 lbs...(1)
Aussi, après de nombreux déboires, voici la solution que nous employons désormais: nous utilisons du bon vieux nylon, bien élastique pour confectionner le corps du bas de ligne. Quant au fluorocarbone: seulement en pointe ou " shock-tippet" si vous préférez pour sa résistance à l'abrasion.
cichla ocellaris avec mouche dans la gueule ( photo Martine Courtois)
La soie sera adaptée à la canne, flottante pour le streamer et le popper, et les eaux normales ( ni trop basses, ni trop hautes), intermédiaire pour la mouche-leurre seule, et flottante avec pointe plongeante à haute densité( 200/ 300 grains) pour les eaux un peu hautes du début de saison, ou les eaux très chaudes et très basses, lorsque le poisson se réfugie en profondeur afin de rechercher la fraicheur.
la technique:
Il s'agit d'une prospection systématique de tous les postes possibles de bordure, en vous focalisant sur les bois morts, la végétation immergée et les rochers. Privilégiez toujours la partie la plus calme du cours d'eau, avec une profondeur de 2 à 3 mètres en moyenne. Insistez particulièrement sur les confluents avec les petits tributaires, mais aussi les entrées de culs de sac, et de petits lacs sont des endroits sur lesquels il convient de se focaliser car ce sont souvent les postes de prédilection de gros sujets. On pense à tort que l'attaque du peacock aura lieu tout de suite ou jamais, tant ce poisson a une réputation d' extrême agressivité. Mais pour avoir observé à de nombreuses reprises son comportement face à nos mouches, nous pouvons affirmer qu'il n'en est rien. En effet, c'est souvent à la troisième, quatrième, voire même cinquième présentation de la mouche que notre peacock se décidera après avoir feint ou manifesté une indifférence absolue. Aussi ne pêchez pas trop hâtivement un poste qui vous inspire. Votre persévérance se verra souvent récompensée. Autre tactique qui donne également de bons résultats. Mettez à profit vos faux lancers: laissez votre mouche toucher, voire même frapper l'eau à plusieurs reprises dans les parages immédiats du poste visé, lors des lancers avant. Cela aura pour effet d'éveiller l'attention du peacock qui reste un poisson extrêmement curieux, et peu timoré par tout ce qui ne relève pas de la gesticulation humaine directe ( bien que depuis quelque temps, il semble réagir à notre présence de plus en plus fréquente...). Lorsque votre streamer aura touché l'eau trois ou quatre fois, posez le, laissez le couler légèrement et commencez seulement à le récupérer. Le peacock, attiré par ce bruit sortira de sa cache, et viendra voir ce qui se passe. Nous avons également observé les riverains des cours d'eau amazoniens, en train de brasser l'eau de la pointe de leur canne ou carément avec la main, imitant de la sorte un bruit de chasse. Ensuite, il leur suffit de lancer leur leurre ou appât le plus loin possible, et de l'animer en dents de scie. Les résultats sont d'autant plus surprenant que le matériel est rudimentaire. Et pour conclure, citons l'exemple de ce guide à qui nous avions appris à utiliser un fouet dont nous lui avions fait présent. Ce dernier extrêmement fûté, alliant tradition et modernité et tirant profit de son nouveau matériel plus performant, obtint des résultats dignes de donner des complexes aux plus aguerris des spécialistes de la mouche tropicale. A un point tel que le propriétaire du campement le pria de faire preuve de ménagement à l'égard de certains de ses clients qui ressentaient une évidente frustration. Il est toujours bon d'observer les locaux. Leurs techniques ancestrales ont d'excellentes raisons d'être...
peacock-bass bleu ou Tucunaré azul ( cichla piquiti) du bassin du rio Araguaia
Les mouches:
à peu près tous les modèles de mouches-leurres et gros streamers sont bien acceptées par le peacock-bass. Mais privilegiez la taille de vos imitations. En effet, le dicton: " à gros poissons, grosses mouches " trouve là toute son illustration. Notre tucunaré a les yeux plus gros que le ventre, et même les poissons de taille modeste n'hésitent pas à attaquer des streamers corpulents. Quant aux gros spécimens, ils se déplacent rarement lorsque la bouchée n'en vaut pas la peine. Aussi nous conseillerons-vous d'utiliser largement les matériaux synthétiques pour vos montages. En effet, ces matières plus ou moins hydrophobes se chargent moins en eau que les plumes et autres poils naturels, et sèchent en un faux lancer. Il devient alors possible de monter des mouches de très grande taille qui restent relativement " lançables". Autre argument qui plaide en faveur des grosses mouches. Il est évident que les petits peacocks sont beaucoup plus nombreux que les grands. Selon nombre de guides avec qui nous avons l'habitude de pêcher, les petits poissons seraient non seulement plus nombreux, mais aussi plus rapides que les gros, attaquant les mouches bien plus vite que leurs ainés et se faisant prendre d'autant plus facilement que l'imitation est de taille réduite, et inversement, d'autant moins facilement que la mouche est corpulente: ce qui ne peut en aucun cas constituer un obstacle pour un gros peacock dont la gueule est un véritable four. Il est vrai que lorsqu'on utilise des mouches de grande taille, même si on enregistre parfois un nombre impressionnant d'attaques, le nombre de prise est considérablement réduit, et leur taille moyenne plus élevée. Le tout est de savoir ce que l'on veut: soit un nombre de prises élevé et dans ce cas, il suffit d'utiliser des mouches de taille raisonnable, soit des gros poissons, et dans ce cas, il ne faut pas hésiter à accroître sensiblement la taille de ses mouches. Lors d'un récent séjour sur le rio Negro, afin d'étayer ce qui précède, nous nous sommes livrés à une petite expérience en utilisant essentiellement de très gros streamers excédant souvent les 20 centmètres de longueur, et montés sur des hameçons n° 5/0. Résultat: peu de prises pesaient moins de deux kilos: CQFD...
cichla mirianae du haut Xingu (Brésil)
Les gros poppers sont des générateurs d'attaques explosives, surtout lorsque les eaux commencent à sérieusement baisser. Ils se posent également comme le moyen le plus sûr de prendre de gros poissons. En effet, on prend rarement de petits peacocks au popper. Certains pêcheurs utilisent des montages en tandem: un popper, suivi d'un streamer... Si le popper n'est pas pris, il fait alors office de teaser, et c'est la mouche qui suit immédiatement qui est souvent attaquée. Excellente tactique permettant de faire assez régulièrement des doublés. Mais il y a le revers de la médaille: on s'accroche plus souvent, et l'ensemble n'est pas très agréable à lancer.
cichla melaniae du rio Xingu ( Brésil)
* Tucunare signifie littérallement en langue amérindienne tupi-guarani: ami des arbres de par la propension de notre animal pour la végétation, bois morts et autres enchevêtrements végétaux.
** pour des raisons d'éthique, nous vous déconseillerons cependant de faire cela. Même si votre prise est relachée après le combat, il ne faut pas oublier qu'elle sera éreintée par cette longue lutte sur un bas de ligne de résistance modérée, et que pendant la bagarre , et ensuite pendant la période de récupération de leur géniteur qui s'en suivra , les alevins resteront sans protection, et deviendront très vite la proie des autres prédateurs. Alors pêchez plutôt les plages de préférence: de très gros poissons affectionnent ces postes, et se positionnent régulièrement sur les pointes des îlots sabloneux. Il vaut mieux laisser les nurseries tranquilles si on est soucieux de contribuer à la pérrénité de l'espèce.
(1) parfois ces tâches longitudinales apparaissent très courtes, avec une apparence d'ocelles.: ce qui fait étrangement ressembler notre cichla Thyronnus à son cousin cichla orinocencis ou " butterfly pavon ou encore "tucunaré borboleta". On pense alors immédiatement à un hybride. Mais cela semble géographiquement impossible, car il n'existe aucune communication entre le bassin du Negro/Orénoque, berceau de l'orinocencis, et le bassin du Trombetas exclusif au cichla thyronnus.
(2) quelques grands fabricants ont considérablement renforcé l'âme des soies produites par leurs firmes, notamment pour faire face à la terrible défense de certaines espèces marines, tells que les carangues GT. Aussi, si vous souhaitez prospecter les bordures de végétation en transformant les luttes en... tir à la corde, je ne saurais que trop vous conseiller d'utiliser ces nouvelles soies... Mais gare à vos cannes....
[ Retour au sommaire des espèces ]
grand tucunaré paca (cichla temensis) du Rio Negro (Brésil)
Le peacock-bass, appelé aussi pavon par les Sud-américains hispanophones, tucunaré* au Brésil et dorade en Guyane française, est représenté par une quinzaine de variétés répertoriées à ce jour ( cf. études des ichtyologues Efrem Ferreira et Sven Kullander) , sur lesquelles nous ne nous étendrons pas. En effet, la chose est tellement complexe que même les plus éminents spécialistes y perdent leur latin. Les différences entre espèces et sous-espèces n'étant pas forcément visibles et n'existant que dans le code génétique. En réalité, il n' y aurait que cinq espèces de peacocks. Les autres ne seraient que la résultante d'adaptations chromatiques au milieu ambiant, ou encore peut-être tout simplement des variétés ou encore des hybrides. Les plus connus, répandus et recherchés sont le tucunaré açu ( littéralement en langue amérindienne tupi : grand tucunaré) des brésiliens, de son nom scientifique: cichla temensis, ou speckled pavon aux zébrures plus ou moins marquées: aussi la plus grosse espèce pouvant probablement atteindre quinze kilogrammes; le tucunaré paca, à la livrée plus sombre, tacheté longitudinalement de blanc , qui ne serait selon les spécialistes qu'une variation locale de cichla temensis, pouvant lui aussi atteindre une taille élevée, et qui reste et de très loin le plus féroce combattant de tous les peacocks. On remarquera également la propension du paca pour les zones de courant parfois dignes de salmonidés. Fait étrange: renseignement pris auprès de plusieurs guides de grande expérience, aucun paca ne présente la gibbosité ou bosse caractéristique du peacock-bass mâle. les pacas seraient-ils donc tous des femelles?
Il est à noter que ce phénomène de "mélanisation" ou plus prosaïquement, d'obscurcissement de la livrée, se retrouve également chez d'autres espèces que cichla temensis, mais aussi chez cichla thyronnus, cichla vazzoreli cichla pinima, ainsi que chez les deux espèces principales du rio Xingu, Cichla mirianae et cichla melaniae. S'agit-il tout simplement d'une forme de mimétisme? Seules des observations en milieu fermé seraient sans doute à même ne nous apporter un semblant de réponse scientifique
grand cichla vazzoreli du rio Nhamunda ( Brésil)
cichla vazzoreli, thyronus, souvent confondus avec cichla temensis, mais dont les rayures sombres sont d'avantage des taches longitudinales que des zébrures.(1), et qui peut atteindre également une taille très élevée. Il existe aussi une version " paca" de tous ces cichlidés: présents essentiellement dans dans les bassins des rios Trombetas, Nhamunda, Uatuma, Ensuite, nous trouvons Cichla pinima très semblable en apparence, bien répandu dans le bassin du rio Tapajos et quelques rivières de l'état d'Amapa ftrontalier avec la Guyane Française et qui peut atteindre 7 kilos environ. le tucunaré amarelo ou cichla monoculus , également nommé " tucunaré pitanga" ( du nom d'un petit fruit jaune d'Amazonie) ou encore " popoca",dont les plus gros spécimens ne dépassent pas en théorie, les six kilogrammes, le plus répandu dans tout le bassin amazonien; le cichla ocellaris tacheté d'ocelles comme son nom scientifique l'indique, atteignant sensiblement le même poids, espèce très présente au Surinam, au Guyana et dans le bassin du Maroni en Guyane française; le superbe tucunaré borboleta ou peacock butterfly( cichla orinocensis) spécifique au bassin de l'Orénoque et au haut Rio Negro, cours d'eau qui-on le sait, communiquent par l'intermédiaire d'un canal naturel nommé Casiquiare. Nous n'oublierons pas le cichla piquiti le superbe peacock bleu, ou "tucunaré azul" aux rayures noir bleuté, peuplant l'extrême sud de l'Amazonie, notamment le bassin de l'Araguaia-Tocantins ( piquiti = rayures en langue tupi-guarani).
Grand cichla Thyronnus du rio Trombetas ( Brésil) (photo Matthieu Carni)
Et enfin pour clôre cet inventaire non-exhaustif: cichla mirianae spécifique du haut rio Xingu, cichla melaniae que l'on trouve principalement sur le cours inférieur de cette même rivière. On citera également cichla kleberti très semblable en apparence à cichla monoculus au point de lui être souvent confondu et très répandu dans le bassin de l'Araguia Tocantins qu'il partage avec cichla piquiti.
Le superbe tucunaré borboleta ou butterfly peacock ( cichla orinocensis) (Photo Marcel Tijus)
On rencontre le peacock-bass dans les secteurs peu profonds et très encombrés de bois morts, de rochers et surtout partout où les cours d?eau s?élargissent et forment des sortes de lacs, ainsi que dans les culs de sac. En fin de saison des pluies, on le trouve carrément dans la forêt inondée par les crues. Sa pêche au popper ou au streamer avec des lignes à la densité adaptée en fonction de la température de l?eau est tout simplement passionnante. De par un comportement assez semblable à celui des centrarchidés, le peacock-bass se laissera séduire par les techniques utilisées par les moucheurs pour le black-bass à grande bouche, à condition toutefois que ceux-ci veillent à "vitaminer" quelque peu la puissance de leur matériel... En effet le tucunaré est le diable en personne au bout de la ligne et il saura exploiter toutes les opportunités aussi infimes soient-elles pour vous fausser compagnie et vous faire une brillante démonstration des limites de votre matériel.
cichla temensis trophée ( Photo Marcel Tijus)
Le peacock-bass est connu et réputé pour ses attaques spectaculaires des leurres de surface. Il s'agit parfois de véritables explosions qui font grimper le taux d'adrénaline à son paroxysme. En effet rien n'est plus beau et excitant que d'assister à cette phénoménale agression sur un popper qu'on a judicieusement placé et animé sur un poste prometteur. Quant à la défense qui s'en suit, elle est d'autant plus âpre que l'attaque a été violente.
Peacock-bass jaune ( tucunaré amarelo) ou cichla monoculus
Mais ce type d'attaque est loin de constituer une généralité: lorsqu'on pêche au streamer par exemple. En effet, nous avons pu observer à maintes reprises, sur des pêches à vue à la faveur de l'eau claire, que l'engamage de la mouche n'était parfois qu'un simple acte de prédation, sans agressivité aucune, que l'on pourrait tout à fait comparer à une prise de nymphe par une truite. Un streamer est rarement considéré comme un intrus menaçant l'intégrité territoriale du peacock, mais comme une proie potentielle en difficulté égarée hors de son cadre de référence. Alors qu'un popper, avec sa nage bruyante et saccadée, son volume, son aspect souvent hétéroclite, représente une véritable agression territoriale qu'il faut immédiatement éliminer, ou du moins chasser hors d'une zone où il ne devrait pas se trouver.
Le matériel:
Canne de 8 à 10, selon la taille moyenne des poissons du coin. Mais préférez tout de même une solide n° 10. On ne sait jamais: même si le cichla temensis ou tucunaré açu est absent du secteur. Sachez qu'un peacock n'excédant pas les 3 à 4 kilos est à même de vous " exploser" un bas de ligne de 20 Lbs sans difficulté, voire même une canne sur un démarrage. Or si vous ne disposez que de la puissance d'une canne de 8 à opposer à de tels bestiaux, vous risquez fort de subir quelques problèmes. Un conseil: à moins que vous ne soyez atteint de "recordite" auquel cas vous serez tenu de vous conformer aux règles sacro-saintes de l'IGFA, n'hésitez pas à pêcher très " costaud" ou alors recherchez les poissons qui croisent en eau libre comme par exemple ces grands spécimens qui escortent parfois leur progéniture loin de toute végétation et autres traquenards végétaux ou minéraux. Ces poissons sont généralement d'une agressivité inimaginable et attaquent violemment toute manifestation d'apparence hostile apparaissant à proximité de leur descendance**. Quant à pêcher avec un bas de ligne IGFA à proximité des structures végétales, je ne saurais que vous le déconseiller, à moins que vous n'ayez une boite à mouche bien remplie... En effet, un bas de ligne d'une résistance de 20 livres dans des endroits encombrés est une plaisanterie qui ne vous apportera que des déconvenues. Quant à nous, nous n'hésitons pas à utiliser un solide 35 à 40 livres , et parfois ce n'est pas suffisant... Un certain nombre d'expériences sur les géants du rio Negro, ne peuvent qu'étayer nos précautions. autre conseil: évitez les bas de ligne tout fluorocarbone. Malgré d'évidentes qualités que sont une bonne résistance à l'abrasion, une quasi-invisibilité sous l'eau une absence de flottabilité et une raideur favorisant l'immersion et l'étalement du bas de ligne lorsqu'on utilise de grosse mouches, ce matériau révolutionnaire présente tout de même un énorme inconvénient: son manque d'élasticité qui ajouté à celui de la soie (qui n'est en fait que de la tresse recouverte de PVC), ne peut en aucun cas amortir les démarrages canons des gros peacocks, à plus forte raison lorsque l'attaque a lieu très près de l'embarcation et que vous récupérerez votre mouche en ligne, canne basse sans aucune possibilité d'utiliser la flexibilité du blank pour répondre à la terrible onde de choc des attaques aussi subites que violentes de ces poissons. Il a en effet été établi que l'énergie cinétique développée par un peacock au démarrage est supérieure à trois fois son poids corporel, et cela sur une distance d'à peine un mètre... Peut-être ceci est-il à même d'expliquer la raison de ma soie flambant neuve... brisée alors que j'utilisais un bas de ligne tout fluoro de 40 lbs... Il est vrai que la résistance d'une soie tropicale n'est que de 35 lbs...(1)
Aussi, après de nombreux déboires, voici la solution que nous employons désormais: nous utilisons du bon vieux nylon, bien élastique pour confectionner le corps du bas de ligne. Quant au fluorocarbone: seulement en pointe ou " shock-tippet" si vous préférez pour sa résistance à l'abrasion.
cichla ocellaris avec mouche dans la gueule ( photo Martine Courtois)
La soie sera adaptée à la canne, flottante pour le streamer et le popper, et les eaux normales ( ni trop basses, ni trop hautes), intermédiaire pour la mouche-leurre seule, et flottante avec pointe plongeante à haute densité( 200/ 300 grains) pour les eaux un peu hautes du début de saison, ou les eaux très chaudes et très basses, lorsque le poisson se réfugie en profondeur afin de rechercher la fraicheur.
la technique:
Il s'agit d'une prospection systématique de tous les postes possibles de bordure, en vous focalisant sur les bois morts, la végétation immergée et les rochers. Privilégiez toujours la partie la plus calme du cours d'eau, avec une profondeur de 2 à 3 mètres en moyenne. Insistez particulièrement sur les confluents avec les petits tributaires, mais aussi les entrées de culs de sac, et de petits lacs sont des endroits sur lesquels il convient de se focaliser car ce sont souvent les postes de prédilection de gros sujets. On pense à tort que l'attaque du peacock aura lieu tout de suite ou jamais, tant ce poisson a une réputation d' extrême agressivité. Mais pour avoir observé à de nombreuses reprises son comportement face à nos mouches, nous pouvons affirmer qu'il n'en est rien. En effet, c'est souvent à la troisième, quatrième, voire même cinquième présentation de la mouche que notre peacock se décidera après avoir feint ou manifesté une indifférence absolue. Aussi ne pêchez pas trop hâtivement un poste qui vous inspire. Votre persévérance se verra souvent récompensée. Autre tactique qui donne également de bons résultats. Mettez à profit vos faux lancers: laissez votre mouche toucher, voire même frapper l'eau à plusieurs reprises dans les parages immédiats du poste visé, lors des lancers avant. Cela aura pour effet d'éveiller l'attention du peacock qui reste un poisson extrêmement curieux, et peu timoré par tout ce qui ne relève pas de la gesticulation humaine directe ( bien que depuis quelque temps, il semble réagir à notre présence de plus en plus fréquente...). Lorsque votre streamer aura touché l'eau trois ou quatre fois, posez le, laissez le couler légèrement et commencez seulement à le récupérer. Le peacock, attiré par ce bruit sortira de sa cache, et viendra voir ce qui se passe. Nous avons également observé les riverains des cours d'eau amazoniens, en train de brasser l'eau de la pointe de leur canne ou carément avec la main, imitant de la sorte un bruit de chasse. Ensuite, il leur suffit de lancer leur leurre ou appât le plus loin possible, et de l'animer en dents de scie. Les résultats sont d'autant plus surprenant que le matériel est rudimentaire. Et pour conclure, citons l'exemple de ce guide à qui nous avions appris à utiliser un fouet dont nous lui avions fait présent. Ce dernier extrêmement fûté, alliant tradition et modernité et tirant profit de son nouveau matériel plus performant, obtint des résultats dignes de donner des complexes aux plus aguerris des spécialistes de la mouche tropicale. A un point tel que le propriétaire du campement le pria de faire preuve de ménagement à l'égard de certains de ses clients qui ressentaient une évidente frustration. Il est toujours bon d'observer les locaux. Leurs techniques ancestrales ont d'excellentes raisons d'être...
peacock-bass bleu ou Tucunaré azul ( cichla piquiti) du bassin du rio Araguaia
Les mouches:
à peu près tous les modèles de mouches-leurres et gros streamers sont bien acceptées par le peacock-bass. Mais privilegiez la taille de vos imitations. En effet, le dicton: " à gros poissons, grosses mouches " trouve là toute son illustration. Notre tucunaré a les yeux plus gros que le ventre, et même les poissons de taille modeste n'hésitent pas à attaquer des streamers corpulents. Quant aux gros spécimens, ils se déplacent rarement lorsque la bouchée n'en vaut pas la peine. Aussi nous conseillerons-vous d'utiliser largement les matériaux synthétiques pour vos montages. En effet, ces matières plus ou moins hydrophobes se chargent moins en eau que les plumes et autres poils naturels, et sèchent en un faux lancer. Il devient alors possible de monter des mouches de très grande taille qui restent relativement " lançables". Autre argument qui plaide en faveur des grosses mouches. Il est évident que les petits peacocks sont beaucoup plus nombreux que les grands. Selon nombre de guides avec qui nous avons l'habitude de pêcher, les petits poissons seraient non seulement plus nombreux, mais aussi plus rapides que les gros, attaquant les mouches bien plus vite que leurs ainés et se faisant prendre d'autant plus facilement que l'imitation est de taille réduite, et inversement, d'autant moins facilement que la mouche est corpulente: ce qui ne peut en aucun cas constituer un obstacle pour un gros peacock dont la gueule est un véritable four. Il est vrai que lorsqu'on utilise des mouches de grande taille, même si on enregistre parfois un nombre impressionnant d'attaques, le nombre de prise est considérablement réduit, et leur taille moyenne plus élevée. Le tout est de savoir ce que l'on veut: soit un nombre de prises élevé et dans ce cas, il suffit d'utiliser des mouches de taille raisonnable, soit des gros poissons, et dans ce cas, il ne faut pas hésiter à accroître sensiblement la taille de ses mouches. Lors d'un récent séjour sur le rio Negro, afin d'étayer ce qui précède, nous nous sommes livrés à une petite expérience en utilisant essentiellement de très gros streamers excédant souvent les 20 centmètres de longueur, et montés sur des hameçons n° 5/0. Résultat: peu de prises pesaient moins de deux kilos: CQFD...
cichla mirianae du haut Xingu (Brésil)
Les gros poppers sont des générateurs d'attaques explosives, surtout lorsque les eaux commencent à sérieusement baisser. Ils se posent également comme le moyen le plus sûr de prendre de gros poissons. En effet, on prend rarement de petits peacocks au popper. Certains pêcheurs utilisent des montages en tandem: un popper, suivi d'un streamer... Si le popper n'est pas pris, il fait alors office de teaser, et c'est la mouche qui suit immédiatement qui est souvent attaquée. Excellente tactique permettant de faire assez régulièrement des doublés. Mais il y a le revers de la médaille: on s'accroche plus souvent, et l'ensemble n'est pas très agréable à lancer.
cichla melaniae du rio Xingu ( Brésil)
* Tucunare signifie littérallement en langue amérindienne tupi-guarani: ami des arbres de par la propension de notre animal pour la végétation, bois morts et autres enchevêtrements végétaux.
** pour des raisons d'éthique, nous vous déconseillerons cependant de faire cela. Même si votre prise est relachée après le combat, il ne faut pas oublier qu'elle sera éreintée par cette longue lutte sur un bas de ligne de résistance modérée, et que pendant la bagarre , et ensuite pendant la période de récupération de leur géniteur qui s'en suivra , les alevins resteront sans protection, et deviendront très vite la proie des autres prédateurs. Alors pêchez plutôt les plages de préférence: de très gros poissons affectionnent ces postes, et se positionnent régulièrement sur les pointes des îlots sabloneux. Il vaut mieux laisser les nurseries tranquilles si on est soucieux de contribuer à la pérrénité de l'espèce.
(1) parfois ces tâches longitudinales apparaissent très courtes, avec une apparence d'ocelles.: ce qui fait étrangement ressembler notre cichla Thyronnus à son cousin cichla orinocencis ou " butterfly pavon ou encore "tucunaré borboleta". On pense alors immédiatement à un hybride. Mais cela semble géographiquement impossible, car il n'existe aucune communication entre le bassin du Negro/Orénoque, berceau de l'orinocencis, et le bassin du Trombetas exclusif au cichla thyronnus.
(2) quelques grands fabricants ont considérablement renforcé l'âme des soies produites par leurs firmes, notamment pour faire face à la terrible défense de certaines espèces marines, tells que les carangues GT. Aussi, si vous souhaitez prospecter les bordures de végétation en transformant les luttes en... tir à la corde, je ne saurais que trop vous conseiller d'utiliser ces nouvelles soies... Mais gare à vos cannes....
[ Retour au sommaire des espèces ]
grand tucunaré paca (cichla temensis) du Rio Negro (Brésil)
Le peacock-bass, appelé aussi pavon par les Sud-américains hispanophones, tucunaré* au Brésil et dorade en Guyane française, est représenté par une quinzaine de variétés répertoriées à ce jour ( cf. études des ichtyologues Efrem Ferreira et Sven Kullander) , sur lesquelles nous ne nous étendrons pas. En effet, la chose est tellement complexe que même les plus éminents spécialistes y perdent leur latin. Les différences entre espèces et sous-espèces n'étant pas forcément visibles et n'existant que dans le code génétique. En réalité, il n' y aurait que cinq espèces de peacocks. Les autres ne seraient que la résultante d'adaptations chromatiques au milieu ambiant, ou encore peut-être tout simplement des variétés ou encore des hybrides. Les plus connus, répandus et recherchés sont le tucunaré açu ( littéralement en langue amérindienne tupi : grand tucunaré) des brésiliens, de son nom scientifique: cichla temensis, ou speckled pavon aux zébrures plus ou moins marquées: aussi la plus grosse espèce pouvant probablement atteindre quinze kilogrammes; le tucunaré paca, à la livrée plus sombre, tacheté longitudinalement de blanc , qui ne serait selon les spécialistes qu'une variation locale de cichla temensis, pouvant lui aussi atteindre une taille élevée, et qui reste et de très loin le plus féroce combattant de tous les peacocks. On remarquera également la propension du paca pour les zones de courant parfois dignes de salmonidés. Fait étrange: renseignement pris auprès de plusieurs guides de grande expérience, aucun paca ne présente la gibbosité ou bosse caractéristique du peacock-bass mâle. les pacas seraient-ils donc tous des femelles?
Il est à noter que ce phénomène de "mélanisation" ou plus prosaïquement, d'obscurcissement de la livrée, se retrouve également chez d'autres espèces que cichla temensis, mais aussi chez cichla thyronnus, cichla vazzoreli cichla pinima, ainsi que chez les deux espèces principales du rio Xingu, Cichla mirianae et cichla melaniae. S'agit-il tout simplement d'une forme de mimétisme? Seules des observations en milieu fermé seraient sans doute à même ne nous apporter un semblant de réponse scientifique
grand cichla vazzoreli du rio Nhamunda ( Brésil)
cichla vazzoreli, thyronus, souvent confondus avec cichla temensis, mais dont les rayures sombres sont d'avantage des taches longitudinales que des zébrures.(1), et qui peut atteindre également une taille très élevée. Il existe aussi une version " paca" de tous ces cichlidés: présents essentiellement dans dans les bassins des rios Trombetas, Nhamunda, Uatuma, Ensuite, nous trouvons Cichla pinima très semblable en apparence, bien répandu dans le bassin du rio Tapajos et quelques rivières de l'état d'Amapa ftrontalier avec la Guyane Française et qui peut atteindre 7 kilos environ. le tucunaré amarelo ou cichla monoculus , également nommé " tucunaré pitanga" ( du nom d'un petit fruit jaune d'Amazonie) ou encore " popoca",dont les plus gros spécimens ne dépassent pas en théorie, les six kilogrammes, le plus répandu dans tout le bassin amazonien; le cichla ocellaris tacheté d'ocelles comme son nom scientifique l'indique, atteignant sensiblement le même poids, espèce très présente au Surinam, au Guyana et dans le bassin du Maroni en Guyane française; le superbe tucunaré borboleta ou peacock butterfly( cichla orinocensis) spécifique au bassin de l'Orénoque et au haut Rio Negro, cours d'eau qui-on le sait, communiquent par l'intermédiaire d'un canal naturel nommé Casiquiare. Nous n'oublierons pas le cichla piquiti le superbe peacock bleu, ou "tucunaré azul" aux rayures noir bleuté, peuplant l'extrême sud de l'Amazonie, notamment le bassin de l'Araguaia-Tocantins ( piquiti = rayures en langue tupi-guarani).
Grand cichla Thyronnus du rio Trombetas ( Brésil) (photo Matthieu Carni)
Et enfin pour clôre cet inventaire non-exhaustif: cichla mirianae spécifique du haut rio Xingu, cichla melaniae que l'on trouve principalement sur le cours inférieur de cette même rivière. On citera également cichla kleberti très semblable en apparence à cichla monoculus au point de lui être souvent confondu et très répandu dans le bassin de l'Araguia Tocantins qu'il partage avec cichla piquiti.
Le superbe tucunaré borboleta ou butterfly peacock ( cichla orinocensis) (Photo Marcel Tijus)
On rencontre le peacock-bass dans les secteurs peu profonds et très encombrés de bois morts, de rochers et surtout partout où les cours d?eau s?élargissent et forment des sortes de lacs, ainsi que dans les culs de sac. En fin de saison des pluies, on le trouve carrément dans la forêt inondée par les crues. Sa pêche au popper ou au streamer avec des lignes à la densité adaptée en fonction de la température de l?eau est tout simplement passionnante. De par un comportement assez semblable à celui des centrarchidés, le peacock-bass se laissera séduire par les techniques utilisées par les moucheurs pour le black-bass à grande bouche, à condition toutefois que ceux-ci veillent à "vitaminer" quelque peu la puissance de leur matériel... En effet le tucunaré est le diable en personne au bout de la ligne et il saura exploiter toutes les opportunités aussi infimes soient-elles pour vous fausser compagnie et vous faire une brillante démonstration des limites de votre matériel.
cichla temensis trophée ( Photo Marcel Tijus)
Le peacock-bass est connu et réputé pour ses attaques spectaculaires des leurres de surface. Il s'agit parfois de véritables explosions qui font grimper le taux d'adrénaline à son paroxysme. En effet rien n'est plus beau et excitant que d'assister à cette phénoménale agression sur un popper qu'on a judicieusement placé et animé sur un poste prometteur. Quant à la défense qui s'en suit, elle est d'autant plus âpre que l'attaque a été violente.
Peacock-bass jaune ( tucunaré amarelo) ou cichla monoculus
Mais ce type d'attaque est loin de constituer une généralité: lorsqu'on pêche au streamer par exemple. En effet, nous avons pu observer à maintes reprises, sur des pêches à vue à la faveur de l'eau claire, que l'engamage de la mouche n'était parfois qu'un simple acte de prédation, sans agressivité aucune, que l'on pourrait tout à fait comparer à une prise de nymphe par une truite. Un streamer est rarement considéré comme un intrus menaçant l'intégrité territoriale du peacock, mais comme une proie potentielle en difficulté égarée hors de son cadre de référence. Alors qu'un popper, avec sa nage bruyante et saccadée, son volume, son aspect souvent hétéroclite, représente une véritable agression territoriale qu'il faut immédiatement éliminer, ou du moins chasser hors d'une zone où il ne devrait pas se trouver.
Le matériel:
Canne de 8 à 10, selon la taille moyenne des poissons du coin. Mais préférez tout de même une solide n° 10. On ne sait jamais: même si le cichla temensis ou tucunaré açu est absent du secteur. Sachez qu'un peacock n'excédant pas les 3 à 4 kilos est à même de vous " exploser" un bas de ligne de 20 Lbs sans difficulté, voire même une canne sur un démarrage. Or si vous ne disposez que de la puissance d'une canne de 8 à opposer à de tels bestiaux, vous risquez fort de subir quelques problèmes. Un conseil: à moins que vous ne soyez atteint de "recordite" auquel cas vous serez tenu de vous conformer aux règles sacro-saintes de l'IGFA, n'hésitez pas à pêcher très " costaud" ou alors recherchez les poissons qui croisent en eau libre comme par exemple ces grands spécimens qui escortent parfois leur progéniture loin de toute végétation et autres traquenards végétaux ou minéraux. Ces poissons sont généralement d'une agressivité inimaginable et attaquent violemment toute manifestation d'apparence hostile apparaissant à proximité de leur descendance**. Quant à pêcher avec un bas de ligne IGFA à proximité des structures végétales, je ne saurais que vous le déconseiller, à moins que vous n'ayez une boite à mouche bien remplie... En effet, un bas de ligne d'une résistance de 20 livres dans des endroits encombrés est une plaisanterie qui ne vous apportera que des déconvenues. Quant à nous, nous n'hésitons pas à utiliser un solide 35 à 40 livres , et parfois ce n'est pas suffisant... Un certain nombre d'expériences sur les géants du rio Negro, ne peuvent qu'étayer nos précautions. autre conseil: évitez les bas de ligne tout fluorocarbone. Malgré d'évidentes qualités que sont une bonne résistance à l'abrasion, une quasi-invisibilité sous l'eau une absence de flottabilité et une raideur favorisant l'immersion et l'étalement du bas de ligne lorsqu'on utilise de grosse mouches, ce matériau révolutionnaire présente tout de même un énorme inconvénient: son manque d'élasticité qui ajouté à celui de la soie (qui n'est en fait que de la tresse recouverte de PVC), ne peut en aucun cas amortir les démarrages canons des gros peacocks, à plus forte raison lorsque l'attaque a lieu très près de l'embarcation et que vous récupérerez votre mouche en ligne, canne basse sans aucune possibilité d'utiliser la flexibilité du blank pour répondre à la terrible onde de choc des attaques aussi subites que violentes de ces poissons. Il a en effet été établi que l'énergie cinétique développée par un peacock au démarrage est supérieure à trois fois son poids corporel, et cela sur une distance d'à peine un mètre... Peut-être ceci est-il à même d'expliquer la raison de ma soie flambant neuve... brisée alors que j'utilisais un bas de ligne tout fluoro de 40 lbs... Il est vrai que la résistance d'une soie tropicale n'est que de 35 lbs...(1)
Aussi, après de nombreux déboires, voici la solution que nous employons désormais: nous utilisons du bon vieux nylon, bien élastique pour confectionner le corps du bas de ligne. Quant au fluorocarbone: seulement en pointe ou " shock-tippet" si vous préférez pour sa résistance à l'abrasion.
cichla ocellaris avec mouche dans la gueule ( photo Martine Courtois)
La soie sera adaptée à la canne, flottante pour le streamer et le popper, et les eaux normales ( ni trop basses, ni trop hautes), intermédiaire pour la mouche-leurre seule, et flottante avec pointe plongeante à haute densité( 200/ 300 grains) pour les eaux un peu hautes du début de saison, ou les eaux très chaudes et très basses, lorsque le poisson se réfugie en profondeur afin de rechercher la fraicheur.
la technique:
Il s'agit d'une prospection systématique de tous les postes possibles de bordure, en vous focalisant sur les bois morts, la végétation immergée et les rochers. Privilégiez toujours la partie la plus calme du cours d'eau, avec une profondeur de 2 à 3 mètres en moyenne. Insistez particulièrement sur les confluents avec les petits tributaires, mais aussi les entrées de culs de sac, et de petits lacs sont des endroits sur lesquels il convient de se focaliser car ce sont souvent les postes de prédilection de gros sujets. On pense à tort que l'attaque du peacock aura lieu tout de suite ou jamais, tant ce poisson a une réputation d' extrême agressivité. Mais pour avoir observé à de nombreuses reprises son comportement face à nos mouches, nous pouvons affirmer qu'il n'en est rien. En effet, c'est souvent à la troisième, quatrième, voire même cinquième présentation de la mouche que notre peacock se décidera après avoir feint ou manifesté une indifférence absolue. Aussi ne pêchez pas trop hâtivement un poste qui vous inspire. Votre persévérance se verra souvent récompensée. Autre tactique qui donne également de bons résultats. Mettez à profit vos faux lancers: laissez votre mouche toucher, voire même frapper l'eau à plusieurs reprises dans les parages immédiats du poste visé, lors des lancers avant. Cela aura pour effet d'éveiller l'attention du peacock qui reste un poisson extrêmement curieux, et peu timoré par tout ce qui ne relève pas de la gesticulation humaine directe ( bien que depuis quelque temps, il semble réagir à notre présence de plus en plus fréquente...). Lorsque votre streamer aura touché l'eau trois ou quatre fois, posez le, laissez le couler légèrement et commencez seulement à le récupérer. Le peacock, attiré par ce bruit sortira de sa cache, et viendra voir ce qui se passe. Nous avons également observé les riverains des cours d'eau amazoniens, en train de brasser l'eau de la pointe de leur canne ou carément avec la main, imitant de la sorte un bruit de chasse. Ensuite, il leur suffit de lancer leur leurre ou appât le plus loin possible, et de l'animer en dents de scie. Les résultats sont d'autant plus surprenant que le matériel est rudimentaire. Et pour conclure, citons l'exemple de ce guide à qui nous avions appris à utiliser un fouet dont nous lui avions fait présent. Ce dernier extrêmement fûté, alliant tradition et modernité et tirant profit de son nouveau matériel plus performant, obtint des résultats dignes de donner des complexes aux plus aguerris des spécialistes de la mouche tropicale. A un point tel que le propriétaire du campement le pria de faire preuve de ménagement à l'égard de certains de ses clients qui ressentaient une évidente frustration. Il est toujours bon d'observer les locaux. Leurs techniques ancestrales ont d'excellentes raisons d'être...
peacock-bass bleu ou Tucunaré azul ( cichla piquiti) du bassin du rio Araguaia
Les mouches:
à peu près tous les modèles de mouches-leurres et gros streamers sont bien acceptées par le peacock-bass. Mais privilegiez la taille de vos imitations. En effet, le dicton: " à gros poissons, grosses mouches " trouve là toute son illustration. Notre tucunaré a les yeux plus gros que le ventre, et même les poissons de taille modeste n'hésitent pas à attaquer des streamers corpulents. Quant aux gros spécimens, ils se déplacent rarement lorsque la bouchée n'en vaut pas la peine. Aussi nous conseillerons-vous d'utiliser largement les matériaux synthétiques pour vos montages. En effet, ces matières plus ou moins hydrophobes se chargent moins en eau que les plumes et autres poils naturels, et sèchent en un faux lancer. Il devient alors possible de monter des mouches de très grande taille qui restent relativement " lançables". Autre argument qui plaide en faveur des grosses mouches. Il est évident que les petits peacocks sont beaucoup plus nombreux que les grands. Selon nombre de guides avec qui nous avons l'habitude de pêcher, les petits poissons seraient non seulement plus nombreux, mais aussi plus rapides que les gros, attaquant les mouches bien plus vite que leurs ainés et se faisant prendre d'autant plus facilement que l'imitation est de taille réduite, et inversement, d'autant moins facilement que la mouche est corpulente: ce qui ne peut en aucun cas constituer un obstacle pour un gros peacock dont la gueule est un véritable four. Il est vrai que lorsqu'on utilise des mouches de grande taille, même si on enregistre parfois un nombre impressionnant d'attaques, le nombre de prise est considérablement réduit, et leur taille moyenne plus élevée. Le tout est de savoir ce que l'on veut: soit un nombre de prises élevé et dans ce cas, il suffit d'utiliser des mouches de taille raisonnable, soit des gros poissons, et dans ce cas, il ne faut pas hésiter à accroître sensiblement la taille de ses mouches. Lors d'un récent séjour sur le rio Negro, afin d'étayer ce qui précède, nous nous sommes livrés à une petite expérience en utilisant essentiellement de très gros streamers excédant souvent les 20 centmètres de longueur, et montés sur des hameçons n° 5/0. Résultat: peu de prises pesaient moins de deux kilos: CQFD...
cichla mirianae du haut Xingu (Brésil)
Les gros poppers sont des générateurs d'attaques explosives, surtout lorsque les eaux commencent à sérieusement baisser. Ils se posent également comme le moyen le plus sûr de prendre de gros poissons. En effet, on prend rarement de petits peacocks au popper. Certains pêcheurs utilisent des montages en tandem: un popper, suivi d'un streamer... Si le popper n'est pas pris, il fait alors office de teaser, et c'est la mouche qui suit immédiatement qui est souvent attaquée. Excellente tactique permettant de faire assez régulièrement des doublés. Mais il y a le revers de la médaille: on s'accroche plus souvent, et l'ensemble n'est pas très agréable à lancer.
cichla melaniae du rio Xingu ( Brésil)
* Tucunare signifie littérallement en langue amérindienne tupi-guarani: ami des arbres de par la propension de notre animal pour la végétation, bois morts et autres enchevêtrements végétaux.
** pour des raisons d'éthique, nous vous déconseillerons cependant de faire cela. Même si votre prise est relachée après le combat, il ne faut pas oublier qu'elle sera éreintée par cette longue lutte sur un bas de ligne de résistance modérée, et que pendant la bagarre , et ensuite pendant la période de récupération de leur géniteur qui s'en suivra , les alevins resteront sans protection, et deviendront très vite la proie des autres prédateurs. Alors pêchez plutôt les plages de préférence: de très gros poissons affectionnent ces postes, et se positionnent régulièrement sur les pointes des îlots sabloneux. Il vaut mieux laisser les nurseries tranquilles si on est soucieux de contribuer à la pérrénité de l'espèce.
(1) parfois ces tâches longitudinales apparaissent très courtes, avec une apparence d'ocelles.: ce qui fait étrangement ressembler notre cichla Thyronnus à son cousin cichla orinocencis ou " butterfly pavon ou encore "tucunaré borboleta". On pense alors immédiatement à un hybride. Mais cela semble géographiquement impossible, car il n'existe aucune communication entre le bassin du Negro/Orénoque, berceau de l'orinocencis, et le bassin du Trombetas exclusif au cichla thyronnus.
(2) quelques grands fabricants ont considérablement renforcé l'âme des soies produites par leurs firmes, notamment pour faire face à la terrible défense de certaines espèces marines, tells que les carangues GT. Aussi, si vous souhaitez prospecter les bordures de végétation en transformant les luttes en... tir à la corde, je ne saurais que trop vous conseiller d'utiliser ces nouvelles soies... Mais gare à vos cannes....
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jb83- Messages : 6073
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Re: video peche tucunaré
jb83- Messages : 6073
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Re: video peche tucunaré
celui la vient d'une eau bien acide
remy- Messages : 6093
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Re: video peche tucunaré
mein jb