Tiens Steph c'est CADEAU, moi aussi j'ai moyen de retrouver quelques archives :
PUIPUI a écrit:Il est des après-midis où l’on se demande bien pourquoi quelque chose vous pousse à rester pêcher. Ce dimanche 22 mai était de ceux-là : journée au beau ciel bleu dégagé de tout nuage, un vent nul ou léger soufflant Nord-Est, le pire pour la pêche ici en Roussillon, une température avoisinant les 25°C à l’ombre et la température de l’eau frisant les 17°C, une mer plate sans vague et quelques baigneurs
Puipui et son Loup de 9,4 kg !!
à une centaine de mètres de part et d’autre de mon lieu de pêche situé sur la plage non loin d’un fleuve… Bref, le temps rêvé pour les vacanciers mais le pire que puisse rencontrer un pêcheur de Loups.
Je fais triste mine, je râle et maudis la météo qui avait annoncé durant l’après-midi du vent marin avec une mer légèrement agitée… légèrement agitée tu parles, une vraie piscine ! Pour tromper ma morosité, je remonte le fleuve et regarde avec plaisir les sauts des grosses Muges hors de l’onde, mettant de l’activité dans cette partie du cours d’eau. Deux touristes passent en short sur la rive d’en face et je les entends encore dire « regarde ! ce sont des Loups, ils chassent ! ». Je ne peux m’empêcher de sourire en me disant que de ces Loups, je n’en mangerai point…
Je retourne après quelque temps à l’embouchure où le spectacle est tout autre : le courant est soutenu et l’eau est turbide, gonflée par les pluies violentes d’il y a quelques jours. Jean-Jacques, l’ami avec lequel je suis venu s’est assoupi au pied de ses cannes : c’est dire s’il y a de l’activité côté mer… Il fait toujours chaud mais l’absence de vent et cette lourdeur atmosphérique laisse présager un changement qui se produit en effet, et de façon soudaine, réveillant mon ami : un vent d’orage plutôt frais et venant de l’Ouest s’installe alors que des éclairs zèbrent le ciel au loin sur la chaîne axiale des Pyrénées.
Du coin de l’œil, je vois alors Gilles, un autre collègue pêcheur, se profiler à l’horizon tandis que je m’installe à quelques mètres de l’eau pour pêcher en position assise ou couchée afin de tenter de me fondre dans le paysage. Là où l’enfer commence pour certains, mon paradis ouvre ses portes en laissant échapper ses effluves de nature sauvage et violente. L’imagination travaille alors et on rêve, dans ce monde invisible de la surface, des plus belles prises prêtes à saisir vos leurres. Les Loups apparaissent dans votre esprit et la magie opère, créant un univers où le pêcheur ayant tant attendu et espéré se voit récompensé de ses peines et espérances.
Jean-Jacques s’est mis à pêcher en animant quelques leurres souples de sa conception. C’est l’occasion ou jamais d’appliquer ma théorie suivant laquelle les plus gros Loups viennent se nourrir en embouchure de fleuve de truites Arc-en-Ciel lâchées par plusieurs centaines de kilos quelques dizaines de kilomètres plus en amont. Ces truites, emportées par le fort débit d’une crue, pourraient alors constituer un mets de choix pour notre seigneur Labrax. Et ce gros spécimen pouvant chasser ces truites je l’attends car le fleuve où je pêche est en crue justement et, comme de nombreux pêcheurs, je rêve de ce poisson trophée atteignant ou même dépassant ses 9 kg. Mon attente est d’autant plus forte que je venais de rater au ferrage mes derniers gros poissons : mis à part quelques spécimens de 2 ou 3 kg, je n’avais guère eu de chance ces derniers temps, au point d’en venir presque à me considérer comme maudit. Puis Gilles me dit un jour au bord de l’eau que ce n’était pas ça, je n’étais pas maudit : c’était là les prémices du signe indien. Soit disant, plus on rate ou on attend le poisson, et plus celui que l’on ferrera sera gros…
Ces considérations occupent mes pensées quand je termine mon montage et peux enfin lancer ce leurre aux couleurs de l’arc-en-ciel dans les remous brunâtres. Il est 17h30 et le ciel est maintenant chargé de nuages menaçants. Je ramène en animant le poisson nageur tout doucement. Les coups de poignet sont très doux et souples, caressant de l’onde liquide le leurre entraîné.
Troisième lancer à une quinzaine de mètres : je regarde Gilles arriver et Jean-Jacques qui n’a toujours pas eu de touche quand je sens sur la tresse à 5 mètres du bord seulement, une vibration puis une très légère résistance… Tout va alors très vite dans ma tête : je sais qu’à l’endroit précis où je pêche il ne devrait pas y avoir d’obstacle, cependant une branche a pu être emportée par le courant. Par précaution, je redonne un peu de mou pour apprécier la situation. Rien… aucune branche emportant le leurre avec elle dans le courant... Je reprends immédiatement la main en tendant la ligne pour à nouveau sentir cette étrange résistance. Cette scène n’a duré que quelques secondes quand, dans le doute, je n’ai aucune hésitation et appuie mon mouvement d’un ferrage sec du poignet. Le secret est alors immédiatement levé par un premier rush puissant d’une trentaine de mètres quand l’animal se jette tel un missile dans le plein courant de l’embouchure du fleuve.
Je suis stupéfait par le contraste de la discrétion de la touche et la puissance de la réaction. L’animal est furieux et les coups de tête qu’il donne pour se libérer sont monstrueux, transmis dans toute leur force par la tresse. Un deuxième rush puissant et le poisson a maintenant placé la largeur du fleuve entre lui et moi. Je tente, canne haute, de le ramener dans le courant afin d’essayer de m’aider de ce dernier pour le rapprocher... Mais rien n’y fait et un troisième rush appuyé vient ponctuer mon initiative. Les départs sont violents et je me vois encore crier à Jean-Jacques « Mais bon sang, c’est une Liche ou quoi ?!! ». Je pense au trident d’origine qui ne tiendront pas si ce manège perdure et décide donc de maintenir la ligne en contact et d’attendre. Patience, patience, le temps joue pour moi et fatigue le poisson au bout de la ligne. Petit à petit, je désaxe la canne pour tenter à nouveau de lui faire prendre le courant. Ça y est presque, il y a bien quelques forts coups de tête rageurs témoignant de son mécontentement mais ça vient et… il y est !
Je sens le corps de l’animal qui nage contre le courant : je peux tenter encore une fois de mouliner de façon plus appuyée pour le ramener. De nouveau cette initiative lui déplaît fortement, en témoigne ce nouveau départ… Mais ce départ sera le dernier car, contre toute attente et à ma grande surprise, l’animal fait une grosse erreur en partant face au fleuve, décidant de remonter le courant. Ce dernier devenant alors mon allié, il est facile pour moi de ramener ce poisson qui s’épuise. Jean-Jacques qui attend sur le bord est le premier à voir la bête remontant en surface dans le courant : « C’est un grroooos Loup ! » s’exclame-t-il. Calmement, je l’échoue sur la plage, il ne bouge presque plus, totalement épuisé. Gilles est arrivé et nous regardons tous les trois ce poisson, un des plus gros Loups que nous n’ayons jamais vu. Sur les trois branches du trident ayant supporté le combat, seule une a résisté aux chocs : une branche est sectionnée nette à la base, une deuxième est ouverte. Puis Gilles me tape sur l’épaule et prononce ces mots sortis de sa bouche il y a quelques semaines déjà : « Le signe indien Stef, le signe indien ! ». Le Loup affichera 9, 4 kg sur la balance…
PUIPUI a écrit:Prise magique d'un loup de 7 kg: un récit envoyé par Puipui
« Ah et ben quelle journée ! »
C’est le titre du récit d’une journée pas ordinaire.
Je ne voulais pas en rester là : hier, j’avais décroché sur un Loup qui m’avait paru impressionnant bien que je ne l’ai tenu au bout de la ligne que quelques secondes. Après avoir suivi les conseils de Manu et Weezer sur le forum au sujet de l’armement du leurre Mega Flash, je retourne en début d’après-midi à l’embouchure de la Têt. Il est 14h00, le soleil brille haut dans le ciel, le vent du Sud soulève d’impressionnantes vagues venant tourbillonner et danser en d’incessants balais où eau salée et douce s’enlacent intimement. Je suis seul et savoure ces doux moments. Je me sens prêt et lance à 30-40 m dans une veine où le courant me semble particulièrement fort.
Je répète l’opération une deuxième fois… et sans plus tarder un arrêt brutal sur ma ligne se produit. Le ferrage est énergique, cette fois-ci, je ne laisserai pas le prédateur se décrocher et… mais c’est la casse, terrible, s’accompagnant d’un craquement lugubre de la canne qui s’est littéralement brisée tel du verre au niveau du troisième anneau. Je lève les yeux au ciel et m’entend encore crier « Mais quelle poisse ! » : pour la deuxième fois en deux jours, je ratais une très belle pièce. Je veux bien que le carnassier qui eut attaqué le leurre fut de belle taille mais la canne en carbone avait dû être fragilisée lors d’un transport en voiture pour se briser ainsi lors du ferrage.
Le dicton veut « on n’a rien sans rien ». Je cours à la voiture et fonce en ville chez mon ami Marc qui tient le magasin « Roussillon Pêche » à Perpignan. « Marc, il faut me réparer ça, c’est aujourd’hui que ça se passe, demain, ça sera trop tard ! ». Et Marc, en travailleur compétent opère avec magie, me répare mon lancer (c’est pas la première fois) et redonne même un petit coup de jeune à mon moulinet, tout cela en s’occupant de ses clients ! Avant de partir, je prends son dernier leurre Mega Flash mais je n’ai pas le temps de changer les hameçons, tant pis !
Il est 17h00 quand je suis à nouveau sur les lieux. Je ne suis plus seul, une demie dizaine de collègues sont là. Un pêcheur est du côté où je me tiens. On discute, il pêche depuis une heure et me dit qu’il n’y a rien. Je suis sceptique et lui en fait part, je pense que le leurre qu’il utilise ne fait pas assez de bruits dans le vacarme ambiant des vagues, les Loups sont là mais ils ne doivent pas arriver à repérer son leurre. Il me regarde mais cette fois-ci, c’est lui qui est sceptique. Il me fait une petite place, je peux lancer, le monde s’ouvre à nouveau à moi ! Premier lancer, deuxième lancer… cinquième lancer… et boom ! L’attaque est très lourde et puissante, l’animal est bien accroché et je peux le travailler après deux-trois rushs puissants.
Je ne traîne pas, les vagues sont fortes et ce qui est au bout de la ligne est lourd, je ramène du mieux que je peux et pense aux tridents du leurre qui sont d’origine, pourvu qu’ils résistent ! Et ça tient, seulement je me rends compte, tout comme mon ami pêcheur à côté de moi, que je ne pourrai jamais remonter une telle prise dans le courant qui est face à moi, il faut traverser la rivière pour avoir une chance de mettre au sec le poisson de l’autre côté sur un banc de sable à douce déclivité. Mon collègue n’hésite pas et me crie « allez, on traverse et je vais te tenir dans le courant si tu es malmené ! ». Merci mon ami d’un soir, sans toi, je n’aurais peut-être jamais traversé cette rivière. Le courant est fort mais l’eau pas trop profonde et passer en waders est possible. A l’autre bout de la ligne, le poisson se bat mais il fatigue. J’arrive sur le banc de sable et attends une ou deux vagues propices pour avoir une chance de le remonter. A mes côtés, mon collègue est nerveux, je le sens prêt à se jeter dans la vague pour attraper le poisson !!! Je devance son idée et lui hurle de se reculer, c’est beaucoup trop dangereux ! Et la vague tant attendue, puissante, arrive enfin : je remonte le poisson en m’aidant du courant. Et, soudainement, nous l’apercevons : c’est un Loup, un gros Loup qui, épuisé, se tient à peine à la surface de l’eau. La deuxième vague tout aussi puissante me permet de le ramener à une dizaine de mètres sans avoir à lutter contre son poids et mon collègue est à l’eau, saisissant le poisson avant que le courant ne le tire à nouveau vers la mer. Il revient, doucement et le pose cérémonieusement à nos pieds, nous sommes bouche bée : c’est une femelle, magnifique, à la gueule énorme. Je l’entends encore me dire qu’il est heureux d’avoir pu m’aider, que c’est une chance pour lui de pouvoir admirer un aussi beau spécimen, il n’en a jamais vu de si gros. Je la lève à bout de bras afin de la montrer aux autres pêcheurs, ils lèvent les bras et me félicite. Le rêve touche déjà à sa fin.
Une heure plus tard, je suis chez Marc, je le bénis pour son aide et lui montre la prise. Il passe un coup de téléphone à Jean, un collègue pêcheur du journal local pour qu’il vienne faire des photos : on nous verra tous les trois, Marc, le Loup et moi dans le « L’Indépendant » du 6 décembre.
Puipui, Marc et le Loup. (Photo Jean Roig)
PUIPUI a écrit:
La Liche du delta de l'Ebre: un récit envoyé par Puipui
Et bien je suis de retour, le dos cassé et le bras droit contorsionné… Je n’oublierai jamais ces quelques jours de pêche en Espagne dans le delta de l’Ebre. Des kilomètres de marche de nuit en wadders, parcourus dans les marais infestés de moustiques qui vous empalent. De longues marches sur un bord de mer où l’on croise cadavres d’oiseaux, de chiens, tous à moitié mangés, parfois la tête coupée mais toujours fort décomposés, recrachés par la mer. Et surtout, des tonnes et des tonnes de Mulets de quelques kilos pièce, échoués sur le sable, poussés par une terreur venant de la mer face à laquelle ils préféraient encore mourir asphyxiés. Certains avaient l’arrière train sectionné par de puissantes mâchoires.
J’assiste au petit jour à des chasses monstrueuses où nos pauvres mulets font des bonds de 5-10 m hors de l’eau, ne sachant plus que faire pour échapper au péril qui les poursuit. Je me vois encore dans l’eau jusqu’aux cuisses, prêt à lancer alors que quelque chose de plus d’un mètre me frôle dans de gros remous. L’eau est turbide, noirâtre, impossible de voir ce qui est venu par curiosité si près de moi… Je pense à tous ces cadavres et, soudain, je ne suis plus rassuré du tout. Je recule afin de n’avoir de l’eau que juste au dessus des chevilles (courageux mais pas téméraire !!!). Je ne saurai jamais ce que c’était. Dans tous les cas et pour répondre à « steph53/66 », je n’ai pas vu de Barracudas (P.S. : j’en ai pris une douzaine cette année dans les Pyrénées Orientales au lancer), de gros Loups ou Tassergals (un également de piqué au leurre de surface dans les Pyrénées Orientales cette année), non, car ce qui rôdait était nettement plus gros et les autres étaient en toute vraisemblance partis, risquant à leur tour de devenir la proie.
Après avoir trouvé le bon leurre du moment et du lieu je subis ma première attaque : le prédateur se décroche en 5 secondes environ, me laissant une cuisante douleur dans le bras droit tenant le lancer lourd, l’impression d’avoir accroché, en ramenant, une invisible voiture de passage. J’estime l’animal à au moins 30 kg !!! Et son passage a laissé des traces sur le bas de ligne en fluoro carbone de 80 centièmes. La deuxième attaque : même topo !!!
En fait, les attaques sont si violentes que je n’ai pas le temps ni la force physique de ferrer avec un frein de moulinet trop serré. Je desserre donc un peu le frein de façon à ferrer sans broyer la canne ni claquer la tresse de 50 lbs. Je suis nerveux, j’assiste à nouveau à une chasse sur du gros Mulets, là, devant moi, à moins de 50 m. Je lance derrière la chasse et la traverse en faisant éclabousser le popper, une énorme onde se forme derrière le leurre, le prédateur suit, j’ai attiré son attention… Je serre la canne de toute mes forces et c’est l’attaque ! Puissante, moins violente que la première mais impressionnante tout de même. Mon premier réflexe est de ferrer fort et ça y est, je suis attelé !
10m, 20m, 80m...l'animal prend du fil, fuse comme une bombe!!>>
L’animal fuse comme une bombe, 10 m, 20 m, 50 m, 80 m… Je serre le frein mais le tank auquel je suis accroché me prend de la tresse, et à contre courant avec ça car il gagne rapidement le large. Je serre encore le frein sinon il va me vider le moulinet et je joue le tout pour le tout. Le scion du lancer lourd touche presque l’eau lors des puissants rushs, la canne étant horriblement pliée, la tresse chante dans l’air, tendue comme la corde d’un arc. Dix minutes se passent à ce régime, le poisson me tirant presque dans l’eau, j’en peux plus, il m’a déjà sorti plus de 100 m de tresse…
Et puis ça se calme, il fatigue ! Il me faudra encore dix bonnes minutes pour le ramener et je vois enfin mon adversaire à 10 mètres dans la vague : une Liche de plusieurs dizaines de kilos !!! Je remercie le Ciel car j’étais venu pour vivre de tels instants avec ce formidable prédateur. Je finis par la hisser sur le sol, il me faut les deux bras pour la soulever, elle est merveilleusement belle. Entre temps, des pêcheurs espagnols arrivent en bateau, ayant vu la scène de loin. Séance photos, ils chantent, me félicite, lèvent l’animal au ciel. Ils veulent que je relance et essaye à nouveau ma chance… Mais j’en resterai là, vidé par tant d’émotions, l’impression d’avoir vécu un des moments les plus beaux de ma vie, moments que je souhaite à tous d’avoir la chance de vivre une fois dans sa vie.
Puipui avec sa liche vaincue...environ 20 kg de muscle!!
Tu n'as plus à qu'à retrouver les photos